F ou D

[Daniel Calin]

Une personne de ma connaissance, qui envisage de se lancer dans une formation AIS, vient de me demander des conseils concernant les options D et F. Après coup, je me dis qu'une partie de ma réponse est susceptible d'intéresser pas mal de monde, même si, "privée" au départ, elle n'est pas rédigée en des termes "institutionnellement corrects". La voici donc :

= F : C'est clair, SEGPA comme EREA, c'est l'adolescence en grande difficulté scolaire, mais sans pathologie avérée (ça ne veut pas vraiment dire qu'on est dans le "normal", faut pas rêver !) ; en gros, c'est la version "hard" du collège (aussi bien en termes de problèmes de comportement qu'en termes de difficultés de compréhension et d'acquisition), mais dans des conditions institutionnelles plus favorables que le collège. Il faut aimer les ados en général, et ces loustics-là en particulier. Les collègues qui s'épanouissent là-dedans ont en général une fibre "sociale", voire "politique", forte.

= D : C'est beaucoup plus compliqué à définir. La fibre nécessaire est évidemment plutôt "psy", mais la dimension "sociale" est loin d'être absente. Institutionnellement, c'est beaucoup plus varié : classes, établissements médico-éducatifs, établissements psychiatriques, voire services ambulatoires. En âge aussi : de 3-4 ans jusqu'à 20-25 ans ! En termes de public, également. En gros, les psychotiques, les déficients, les caractériels, mélangés ou non selon les cas. Sans parler d'une bonne partie du public pas très bien spécifiable et pas très éloigné des publics SEGPA-EREA... Ça fait beaucoup. Avantage possible : la diversité, surtout en allant d'un poste à un autre. Quand on a un peu de tout mélangé dans le même groupe, comme c'est le cas dans pas mal de classes, CLIS ou UPI, voire dans certains IME, cela peut vite devenir ingérable ! Noter aussi que l'environnement institutionnel pèse très lourd. Un établissement bien dirigé, avec une bonne équipe, ça peut être super. En sens inverse, cela tourne vite à l'horreur d'un huis-clos dans un monde de fous. Côté classes, on ne risque guère le huis-clos d'enfer entre adultes, mais on risque nettement la solitude verticale, avec des gamins qui peuvent, eux, être infernaux ! Inversement, une classe bien intégrée dans son école ou son collège, bien appuyée par une structure de soins et bien soutenue par une inspection compétente et responsable, cela aussi peut être une excellente expérience.

Ah oui, j'oubliais, pour la case "prison", c'est F obligatoire !