Merci et bonjour !

Questions générales sur les formations à l'enseignement spécialisé.
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bluenote
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Merci et bonjour !

Message par bluenote »

Je voulais dire merci, un énorme merci, un enchantement de mercis aux créateurs de ce site, absolument en adéquation avec toutes mes questions et mes frustrations anciennes !

Je suis en demande de stage capa sh D, j'hésite déjà (si j'ai la chance d'être élue !) entre l'itep, l'hôpital de jour ou l'ime, ou autre lieu où le travail en équipe permet d'avancer. Je rêve de travailler avec des gens aussi vivifiants que ceux qui font vivre ce site, mais il ne faut pas rêver...

Je retrouve des lectures communes à ma formation initiale (psychopatho), mais sous l'éclairage éducatif et pédagogique ce qui est encore plus complexe finalement car nous ne devons être en classe ni simplement pédagogue, ni psychologue, ni poète, ni acteur, ni animateur, ni docteur, ni éducateur, ni parent... mais un peu de tout ça à la fois, et encore autrement ?

Ce statut, cette place, la bonne distance de l'enseignant en ASH, c'est le plus difficile à construire il me semble. Je vais m'empresser de lire "tout" ce que je peux sur le sujet ici ou ailleurs.

Comment savoir si je suis capable de travailler avec des enfants en souffrance ? Savoir si je suis suffisamment solide pour absorber, contenir, accueillir, élaborer leur petite ou grande marmite pulsionnelle ?
Doit-on avoir été soi même un élève sans problème, un parent en réussite pour bosser en ASH ? Ou bien le fait de savoir ce que c'est que la souffrance d'un enfant peut-il nous aider à mieux rebondir pour en faire quelque chose ? La vérité est-elle au milieu, entre souffrance et vie sans nuage ?

J'ai remarqué en effet que certains collègues du circuit habituel (pas en ASH) avaient beaucoup beaucoup de mal à supporter certains élèves hors norme. Que cela pouvait aller jusqu'à la violence.
J'ai remarqué également que ce sont ces enfants-là qui m'intéressent, me font avancer, vaciller, je me sens vivante à leur contact, mais je ne sais pas si ce sentiment est positif : en bref, comment savoir si l'ASH n'est pas un lieu d'auto-thérapie dans nos choix inconscients ?

Est ce important ?

Quand les trois quarts des étudiants en psychopatho sont là d'abord pour se soigner eux-mêmes, je ne voudrais pas tomber dans ce nouveau leurre. Mais n'est-ce pas également ce désir-là qui leur permet d'avancer réellement, passionnément ? Et avec une analyse de sa pratique (avec un psy), on peut aussi prendre le large d'avec ses premières amours inconscientes.

Quelle est votre expérience de la question ?

merci infiniment !
bluenote
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Re: Merci et bonjour !

Message par bluenote »

oula... j'ai posté le sujet qui fâche ou cela a été évoqué déjà maintes fois et j'aurais dû lire avant... ? :oops:
Pascal Ourghanlian
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Re: Merci et bonjour !

Message par Pascal Ourghanlian »

Non, pas de questions qui fâchent, des questions légitimes, qui vous appartiennent, que nombreux serions-nous à pouvoir faire nôtres - et qui ont pour avantage de rester ce qu'elles sont : des questions. Souvent bien plus importantes, pour exercer nos métiers, que des réponses...

Quelques remarques, peut-être, tout de même - sous forme de questions :wink:
- le travail en équipe, nécessaire, est-il suffisant ? une approche respectueuse du gamin différent ne se fait-elle pas d'abord (surtout ?) dans une relation intersubjective qui le fait exister comme individu à part entière ?
- les gens "vivifiants " (qui impulsent de la vie, donc) ne sont-ce pas d'abord (surtout ?) les gamins avec lesquels on travaille et qui nous "convoquent" ?
- que devons-nous être en classe, si ce n'est des enseignants, enrichis certes des ouvertures sur les autres pratiques, mais résolument en charge de "faire classe" (Meirieu) et "intéresser, nourrir, faire parler, relier le savoir aux questions fondamentales" (Boimare, dans son dernier Ces enfants empêchés de penser, Dunod, 2008 - très éclairant) ?
- faut-il être un enseignant marginal pour enseigner aux marges ? je l'ai longtemps pensé ; puis j'ai rencontré des gens "bien ordinaires" faire magnifiquement un métier difficile avec des gamins particulièrement cassés, et des gens "bien azimutés", catastrophiques auprès des mêmes gamins ; se méfier des formules, tout existe, tout est possible - même si peut-être (sans doute ?) une petite "faille existentielle" doit pouvoir aider à "trouver la bonne distance"
- Winicott était passé maître dans l'"autothérapie"... et même si nous ne sommes pas ce brave Donald, rien ne nous oblige à nous cacher derrière nos petits doigts : bien sûr que nous "réglons aussi des comptes" avec nous-mêmes, il s'agit d'en être conscients ; par contre, savoir lesquels et pourquoi, tout seul, ce n'est sans doute pas pour nous, pauvres Mickey :lol:
Quand les trois quarts des étudiants en psychopatho sont là d'abord pour se soigner eux-mêmes
Je ne connais pas les "étudiants en psychopatho", seulement quelques uns, qui m'ont paru très bien... J'imagine que chacun fait ce qu'il peut, avec les casseroles qu'il se trimballe... Par contre, je suis obligé de me battre chaque jour contre moi-même pour éviter jugements hâtifs et propos à l'emporte-pièce, du style "ah, ce référent, il fait n'importe quoi ; et cette psy, elle se prend pour Freud". Nous sommes toujours sur le point d'être satisfaits de nous-mêmes, disait Montaigne, en des mots de français anciens bien plus savoureux mais que je ne retrouve pas. Ces gamins différents nous enseignent : chaque place est respectable. Alors seulement le travail peut commencer.

La note bleue :wink: , empreinte de tristesse, qui caractérise un certain jazz, caractérise sans doute aussi nos fins de journées, lessivés, harassés, remplis de doute : le mode mineur envahit nos soirées...
Elle nous donne aussi, peut-être (sans doute ?), la voie à suivre : toujours tenter, inlassablement, d'augmenter la quarte proposée par Boimare pour retrouver l'harmonie de la tonalité initiale :oops:
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
bluenote
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Re: Merci et bonjour !

Message par bluenote »

:oops: MAGNIFIQUE réponse qui me va droit où il faut !
surtout l'image mineure, bravo !
fin de journée ? non c'était ce matin !

j'étais en pleine forme!

Etre tolérant et se remettre en question sans cesse face aux jugements stéréotypés : oui c'est bien mon problème :mrgreen: c'est tellement plus facile de ne pas s'autoanalyser !

Ayant fait un stage de DESS en hôpital de jour pour enfants, je pensais avoir comme "certitude" que c'est le travail ensemble, des adultes ensemble qui réfléchissent après coup ensemble, qui aide à tenir bon et à tenir pour eux, les enfants !

n'entendons nous pas certaines mamans au foyer se plaindre d'être trop seules, sans contact avec d'autres adultes ?

merci beaucoup beaucoup pour votre réponse que je vais relire plusieurs fois... :wink:

Peut être que la formation capa sh donne les clés de ce savoir faire la classe sans filet (les autres adultes !)...
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