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Le CAPPEI

Posté : 06 avr. 2017 21:57
par clairba
Je trouve que nous ne parlons pas beaucoup du CAPPEI et de la disparition du CAPA-SH (nous avons malheureusement enterré le CAPSAIS depuis longtemps). Je voulais partager avec vous mon profond dégoût concernant cette nouvelle baisse d'ambition pour l'école et en particulier pour ses élèves les plus fragiles.

Dans une société ultra-compétitive qui stigmatise "les pauvres", relègue à sa marge les moins adaptés, les moins “utiles”, faire une place aux enfants handicapés sur les bancs de l’école n'est pas une évidence. On ne peut faire croire que la place d’une personne handicapée dans notre société ne dépend que du regard qu’on porte sur elle. Nous avons besoin d'enseignants spécialisés formés et bien formés pour porter l'inclusion.

Et comment limiter la reproduction des inégalités sans ces enseignants spécialisés formés qui accompagnent les petits individus en difficulté dans le cadre des RASED ?

Les enseignants de premier degré pouvaient être fiers de toutes ces vraies spécialités (conservées malgré la réduction de la formation en 2005) ; ils étaient relativement bien outillés pour répondre à un type de problème précis, de manière globalement efficace me semble-t-il. J’ai toujours perçu une véritable identité des enseignants spé en fonction de leur option. L’appellation “maître G”, “maître E” ou “maître D” pouvait se revendiquer. Tout ceci va disparaître pour faire des économies et je crois que c'est dommageable pour l'école.

Dans cette suppression des options, on perçoit aussi une volonté de faire disparaître de la formation une vision plutôt analytique (avec la tentative de suppression de l’option G notamment) et l’accaparement des lobbies comportementalistes concernant la prise en charge des enfants dys ou autistes.

Je vous transmet un lien vers un texte intéressant sur le sujet sur le site de la CGTeducaction, CAPPEI : la médicalisation de la difficulté scolaire http://cgteducaction1d.ouvaton.org/spip.php?article407

Être spécialisé, c’est plus que de savoir ce qu’est l’autisme ou la dysorthographie, c’est plus que d’apprendre quelques recettes comme on suivrait une notice. C’est une formation plutôt poussée dans un domaine étroit, renforcée par une pratique exclusive autour de ce domaine pour en cerner les dessous et pouvoir intervenir efficacement. C’est riche ! C’est acquérir un savoir-faire, ainsi qu’un “savoir-pas-faire” qui s’appuie sur la curiosité intellectuelle pour trouver des solutions. La suppression d'un tel savoir chez les enseignants de premier degré me désole.

Le mémoire jouait un rôle important dans une formation spécialisée qui débouchait sur un diplôme, c’était un temps de recherche, d’approfondissement nécessaire. Nous sommes recrutés à un niveau universitaire, nous sommes tous capables de rédiger 30 pages, non ? (Le maître peut avoir le goût de l’effort... Il sait qu’on n'apprend pas en se contentant d’entendre parler d’un truc ou de voir une vidéo !). Pourquoi l'avoir supprimé ?

Pour finir, s’il y a besoin de formations pour les enseignants de classe ordinaire ou de conseillers pédagogiques ASH pour soutenir l’inclusion, il faut les renforcer plutôt que de transformer les enseignants spécialisés en "ressource". Un enseignant (actif) n’est pas une ressource (passive).

Nos élèves ont vraiment beaucoup à perdre avec cette nouvelle certification.