Bonjour,
Ce que vous évoquez, je l'ai un peu ressenti aussi ayant été formé "en alternance". J'ai entendu, moi aussi, des choses pas très agréables, pourtant je ne me sens pas du tout un rééducateur au rabais, tout simplement parce qu'il n'y a pas que la formation stricto sensu, même si elle constitue la colonne vértébrale de notre nouvelle professionnalité. Il y a les rencontres sur le terrain, il y a le travail que l'on peut faire dans le cadre d 'un groupe d'analyse de la pratique (ou seul), il y a les congrès de la FNAREN...
Face à ce discours que l'on peut entendre, il me semble donc indispensable de préciser l'extrême importance du vécu personnel face à une situation de formation, quelle qu'elle soit. Acquérir une identité professionnelle solide peut sembler en effet plus compliqué lorsqu'on est balloté entre le centre de formation et le terrain, néanmoins, on peut aussi y trouver des avantages, celui notamment d'être confronté à de "vraies situations", et non à des situations fabriquées de toutes pièces pour la circonstance. Il est vrai que cela peut créer des difficultés, en particulier au niveau de l'éthique (est-ce que je dois prendre cet enfant, compte tenu de l'avancement de ma formation, ou pas...)
Je voudrais ajouter deux choses qui me paraissent importantes. C'est d'abord l'extrême désinvolture de notre employeur, l'Education Nationale en ce qui concerne la formation de ses personnels : on compte beaucoup, dans ce domaine sur les compétences personnelles et sur... la bonne volonté de chacun, cela peut donner des résultats catastrophiques. Je voudrais ensuite vous inciter à relativiser les discours que vous pouvez entendre de la part des rééducateurs (y compris donc le mien !) car je crois qu'il y a quand même chez nous, il faut bien le dire une certaine forme disons de rigidité (justifiée ou non, c'est une autre question...) par rapport à toute forme de nouveauté, un attachement indéfectible à un certain type de formation et à un certain type de rééducation. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il faut accepter de faire n'importe quoi, surtout pas, mais je pense qu'une certaine réflexion (et une certaine souplesse) en ce qui concerne par exemple nos pratiques, nos théories de référence... me semblent indispensables. Face à la tempête, le roseau est plus efficace que le chêne !
Pour la formation, je redirai ce que j'ai dit au début : le ressenti et l'engagement personnels sont particulièrement importants. Cela veut dire qu'on peut, à partir d'une formation peut-être un peu "juste" faire quand même quelque chose de bien et devenir un(e) rééducateur(trice) honorable.
JDaniel
ZABOU2 a écrit :Depuis le début de la formation entreprise en juin, je m'entends dire plus ou moins clairement que cette nouvelle formation n'égalera en rien la précédente, nous serons des "rééducateurs au rabais", ne pouvant que difficilement trouver notre identité professionnelle.... Il est clair que cette année n'a pas été très sereine mais le résultat de cette confrontation au terrain ne me semble pas si négatif que ça. La rencontre des pairs m'a été d'une grande aide dans l'entrée dans ce nouveau métier, la collaboration avec les collègues enseignants m'a permis peu à peu d'investir un travail d'enseignant spécialisé, l'alternance terrain-iufm m'a permis d'avoir une analyse de ce qui pouvait me manquer, de ce qui m'avait manqué et de réajuster au fur et à mesure...
J'ai une image qui me vient pour illustrer ce que je ressens de cette formation : nous sommes des rééducateurs "nés prématurément"... mais est-ce pour autant que nous sommes "au rabais" ??