Identité professionnelle

Questions spécifiques concernant les formations à l'option G (rééducation).
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ZABOU2

Identité professionnelle

Message par ZABOU2 »

Depuis le début de la formation entreprise en juin, je m'entends dire plus ou moins clairement que cette nouvelle formation n'égalera en rien la précédente, nous serons des "rééducateurs au rabais", ne pouvant que difficilement trouver notre identité professionnelle.... Il est clair que cette année n'a pas été très sereine mais le résultat de cette confrontation au terrain ne me semble pas si négatif que ça. La rencontre des pairs m'a été d'une grande aide dans l'entrée dans ce nouveau métier, la collaboration avec les collègues enseignants m'a permis peu à peu d'investir un travail d'enseignant spécialisé, l'alternance terrain-iufm m'a permis d'avoir une analyse de ce qui pouvait me manquer, de ce qui m'avait manqué et de réajuster au fur et à mesure...
J'ai une image qui me vient pour illustrer ce que je ressens de cette formation : nous sommes des rééducateurs "nés prématurément"... mais est-ce pour autant que nous sommes "au rabais" ??
patrick

formation au rabais

Message par patrick »

Vous avez raison de souligner l'intérêt de rencontrer d'autres rééducateurs dans votre formation. C'est un constat que j'ai fait dès mon entrée dans ce métier, il n'y a que peu de "paroles de rééducateurs" alors que notre bible parle d'une parole rééducative ! Metra et Heraudet n'apparaissent que récemment dans notre histoire et les tribunes des congrès FNAREN sont plus fréquentées par des "extérieurs" que par des rééducateurs. Je suis aussi interloqué sur le fait que sur ce site les messages de l'option G sont les plus lus mais avec moins d'échanges que en E ou en D. La formation en alternance n'a pas été souhaitée stratégiquement par les rééducateurs car on savait qu'elle ouvrait la porte à la formation en cours d'activité et à un temps moindre de réflexion mais sur le fond un véritable compagnonage aurait peut être plus apporté à notre métier.
Il n'y a pas de "formation type", la formation en cours d'activité dilue notre métier en plongeant les rééducateurs dans des actions multiples (j'appelle cela la sarko-rééducation), d'un autre côté une formation ultra centralisée dans un seul centre "parisien" pourrait satisfaire un dogmatique comme moi, mais elle laisserait croire que la rééducation s'apprend par un seul chemin et que nous devons tous faire le même. Si la rééducation est une praxéologie c'est au contraire par une construction plus personnelle que la formation doit passer. Le risque de la formation en cours d'activité n'est pas d'être une formation au rabais mais d'être une formation qui laisserait croire que ce travail personnel est un effort d'amalgame ou de choix entre les différentes "activités" chouettes, sympas, modernes, cognitives.... rencontrées.
Mon passé de rééducateur d'accueil de stagiaires m'amène à constater que les professionnels qui s'engagent dans cette démarche de recherche d'un positionnement personnel trouvent toujours des groupes, des associations, au moins un collègue pour poursuivre ce travail et que les autres partent sur "le terrain" en ne s'autorisant que d'eux-mêmes pour agir. Comme il n'y a pas d'expert en rééducation, il n'y a pas plus de rééducateur au rabais, c'est que notre professionalisme se situe autrement.
jean daniel

Re: Identité professionnelle

Message par jean daniel »

Bonjour,
Ce que vous évoquez, je l'ai un peu ressenti aussi ayant été formé "en alternance". J'ai entendu, moi aussi, des choses pas très agréables, pourtant je ne me sens pas du tout un rééducateur au rabais, tout simplement parce qu'il n'y a pas que la formation stricto sensu, même si elle constitue la colonne vértébrale de notre nouvelle professionnalité. Il y a les rencontres sur le terrain, il y a le travail que l'on peut faire dans le cadre d 'un groupe d'analyse de la pratique (ou seul), il y a les congrès de la FNAREN...
Face à ce discours que l'on peut entendre, il me semble donc indispensable de préciser l'extrême importance du vécu personnel face à une situation de formation, quelle qu'elle soit. Acquérir une identité professionnelle solide peut sembler en effet plus compliqué lorsqu'on est balloté entre le centre de formation et le terrain, néanmoins, on peut aussi y trouver des avantages, celui notamment d'être confronté à de "vraies situations", et non à des situations fabriquées de toutes pièces pour la circonstance. Il est vrai que cela peut créer des difficultés, en particulier au niveau de l'éthique (est-ce que je dois prendre cet enfant, compte tenu de l'avancement de ma formation, ou pas...)
Je voudrais ajouter deux choses qui me paraissent importantes. C'est d'abord l'extrême désinvolture de notre employeur, l'Education Nationale en ce qui concerne la formation de ses personnels : on compte beaucoup, dans ce domaine sur les compétences personnelles et sur... la bonne volonté de chacun, cela peut donner des résultats catastrophiques. Je voudrais ensuite vous inciter à relativiser les discours que vous pouvez entendre de la part des rééducateurs (y compris donc le mien !) car je crois qu'il y a quand même chez nous, il faut bien le dire une certaine forme disons de rigidité (justifiée ou non, c'est une autre question...) par rapport à toute forme de nouveauté, un attachement indéfectible à un certain type de formation et à un certain type de rééducation. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il faut accepter de faire n'importe quoi, surtout pas, mais je pense qu'une certaine réflexion (et une certaine souplesse) en ce qui concerne par exemple nos pratiques, nos théories de référence... me semblent indispensables. Face à la tempête, le roseau est plus efficace que le chêne !
Pour la formation, je redirai ce que j'ai dit au début : le ressenti et l'engagement personnels sont particulièrement importants. Cela veut dire qu'on peut, à partir d'une formation peut-être un peu "juste" faire quand même quelque chose de bien et devenir un(e) rééducateur(trice) honorable.
JDaniel
ZABOU2 a écrit :Depuis le début de la formation entreprise en juin, je m'entends dire plus ou moins clairement que cette nouvelle formation n'égalera en rien la précédente, nous serons des "rééducateurs au rabais", ne pouvant que difficilement trouver notre identité professionnelle.... Il est clair que cette année n'a pas été très sereine mais le résultat de cette confrontation au terrain ne me semble pas si négatif que ça. La rencontre des pairs m'a été d'une grande aide dans l'entrée dans ce nouveau métier, la collaboration avec les collègues enseignants m'a permis peu à peu d'investir un travail d'enseignant spécialisé, l'alternance terrain-iufm m'a permis d'avoir une analyse de ce qui pouvait me manquer, de ce qui m'avait manqué et de réajuster au fur et à mesure...
J'ai une image qui me vient pour illustrer ce que je ressens de cette formation : nous sommes des rééducateurs "nés prématurément"... mais est-ce pour autant que nous sommes "au rabais" ??
Félix GENTILI

Re: formation au rabais

Message par Félix GENTILI »

patrick a écrit :Vous avez raison de souligner l'intérêt de rencontrer d'autres rééducateurs dans votre formation. C'est un constat que j'ai fait dès mon entrée dans ce métier, il n'y a que peu de "paroles de rééducateurs" alors que notre bible parle d'une parole rééducative ! Metra et Heraudet n'apparaissent que récemment dans notre histoire et les tribunes des congrès FNAREN sont plus fréquentées par des "extérieurs" que par des rééducateurs. Je suis aussi interloqué sur le fait que sur ce site les messages de l'option G sont les plus lus mais avec moins d'échanges que en E ou en D. La formation en alternance n'a pas été souhaitée stratégiquement par les rééducateurs car on savait qu'elle ouvrait la porte à la formation en cours d'activité et à un temps moindre de réflexion mais sur le fond un véritable compagnonnage aurait peut être plus apporté à notre métier.
Il n'y a pas de "formation type", la formation en cours d'activité dilue notre métier en plongeant les rééducateurs dans des actions multiples (j'appelle cela la sarko-rééducation), d'un autre côté une formation ultra centralisée dans un seul centre "parisien" pourrait satisfaire un dogmatique comme moi, mais elle laisserait croire que la rééducation s'apprend par un seul chemin et que nous devons tous faire le même. Si la rééducation est une praxéologie c'est au contraire par une construction plus personnelle que la formation doit passer. Le risque de la formation en cours d'activité n'est pas d'être une formation au rabais mais d'être une formation qui laisserait croire que ce travail personnel est un effort d'amalgame ou de choix entre les différentes "activités" chouettes, sympas, modernes, cognitives.... rencontrées.
Mon passé de rééducateur d'accueil de stagiaires m'amène à constater que les professionnels qui s'engagent dans cette démarche de recherche d'un positionnement personnel trouvent toujours des groupes, des associations, au moins un collègue pour poursuivre ce travail et que les autres partent sur "le terrain" en ne s'autorisant que d'eux-mêmes pour agir. Comme il n'y a pas d'expert en rééducation, il n'y a pas plus de rééducateur au rabais, c'est que notre professionnalisme se situe autrement.
Comme le thème de ce forum est l'identité, je suis heureux de vous informer qu'un ouvrage traite cette problématique en s'attachant spécifiquement aux rééducateurs (pour accéder à sa présentation -> http://www.editions-eres.com/resultat.php?Id=1684).

Cet ouvrage est celui d'un Inspecteur (moi, en l'occurrence) qui n'a jamais manifesté un rejet de cette profession, bien au contraire !

Je suis certain que vous y trouverez des pistes pour assurer votre positionnement professionnel. Cela a été le cas des stagiaires que j'ai formé avec l'équipe de l'IUFM de LYON pendant 12 ans.

Voici comment je présente l'ouvrage :

« La rééducation contre l’école, tout contre » aux Editions ERES

Invisibles dans l’institution scolaire, nécessaires aux échanges ouverts, originaux dans leur démarche, déstabilisants par leur regard sur l’enfant, hors-cadre vis-à-vis de la classe, voilà comment apparaissent les rééducateurs de l’éducation nationale. Avouez que ces enseignants spécialisés - qui n’enseignent pas - ont tout pour attirer l’attention d’un inspecteur chargé de les former et de les évaluer ! L’intérêt pour ces professionnels de l’entre-deux est redoublé lorsque l’on découvre qu’ils ont perdu leur nom dans les textes officiels, qu’ils en sont à la cinquième définition de leur diplôme et qu’ils attirent les critiques de toutes parts sans que leur disparition soit programmée. Pendant douze ans, je les ai côtoyés et j’ai appris que leur fonction n’est pas seulement d’aider les élèves en difficulté et d’améliorer les échanges entre parents et enseignants, mais aussi, et peut-être d’abord, de garantir le fonctionnement démocratique de l’institution scolaire. Ils sont des analyseurs de l’institution qu’il faut conserver et développer. L’enseignement n’est pas seulement la transmission. Hélas, cette fonction de désintoxication de l’école les conduit à s’opposer aux fonctionnements aveugles, ce qui met leur identité professionnelle en péril.

Bonne lecture
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