L'ordinateur : une médiation ?

Questions spécifiques concernant les formations à l'option G (rééducation).
Vincent3m
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L'ordinateur : une médiation ?

Message par Vincent3m »

Peut-on considérer l'ordinateur comme une médiation en rééducation ou "seulement" comme un support ? (Sachant que le "support" peut parfois être appelé "médiation" ?)
(PS J'ai lu les quelques ouvrages disponibles sur le sujet et si je suis convaincu de l'importance possible de l'outil informatique en rééducation, je reste confus quant à sa place théorique dans le cadre)
Merci
Cordialement
Vincent M.
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Votre question me surprend, surtout lorque vous dites avoir lu les "quelques ouvrages disponibles sur le sujet".

Vous avez vraiment fait le tour du bouquin de Daniel chez L'Harmattan ? Particulièrement des chapitres pp. 97 à 126 sur le cadre rééducatif, l'espace rééducatif et la relation rééducative ?
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Vincent3m
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support ou médiation

Message par Vincent3m »

"Support de supports l'ordinateur est aussi un support parmi d'autres." p.110
"L'ordinateur n'est pas un simple support d'activité pour les enfants"p114
Je ne citerai pas tout bien sûr et éviterai les multiples aspects "médiateurs" de l'odinateur. Pourtant nulle part, dans l'ouvrage concerné, (sauf erreur de ma part) l'ordinateur est explicitement défini comme une "médiation". Il est décrit comme tel mais jamais le mot n'est employé.
Un formateur IUFM pense qu'il ne s'agit pas d'une "médiation". Aurais-je mis le doigt sur une querelle de définition ?
Merci
Cordialement
Vincent M.
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

4 occurences tout de même...

p. 57 : "Certains sont des êtres humains bien réels, même s'ils ne sont présents auprès de l'enfant que par la médiation de l'ordinateur".

p. 67 : "Si l'on suit cette fois Vygotski, l'enfant ne peut se développer que si on interpose entre sa pensée et le monde une médiation humaine porteuse de culture commune".

p. 185 : "(...) l'intériorisation d'un travail d'abord réalisé avec la médiation de l'écran"

p. 220 : "(...) un champ rééducatif spécifié par l'usage exclusif de la médiation informatique".

Plus tous les mots de la même famille : médiateur (6 occurences), médiatrice (1 occurence), médiatiser (3 occurences), immédiat (2 occurences), immédiate (10 occurences), immédiatement (20 occurences).

Au-delà de ce petit jeu :wink: , Daniel aura sans doute à coeur de débattre de ce point, central, avec vous.

Bien que, personnellement, je suis prêt à parier qu'il existe autant de définitions de la médiation qu'il existe... de rééducateurs :lol:

Pour ma part, je me contente de celle fournie par le Trésor Informatisé de la Langue Française et que je vous livre :

"MÉDIATION, subst. fém.
A. 1. Fait de servir d'intermédiaire entre deux ou plusieurs choses. Nous avons montré, aux harmonies aériennes de la terre, comment les montagnes se réparent par la médiation des vents; nous allons indiquer ici comment l'air se renouvelle par la médiation des montagnes (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.217). Il y a, en moi, disproportion entre la cause efficiente et la cause finale; et pourtant ni l'une ni l'autre ne peuvent être en moi ce qu'elles sont déjà, sans la médiation permanente d'une pensée et d'une action parfaites (BLONDEL, Action, 1893, p.346).
Spécialement
PHILOS. ,,Action de servir d'intermédiaire entre un terme ou un être duquel on part, et un terme ou un être auquel on aboutit`` (LAL. 1968).
PSYCHOL. ,,Processus par lequel une connaissance sensorielle se transforme en une donnée intellectuelle`` (Méd. Biol. t.2 1971). Théorie de la médiation.
2. Rare. Chose, effet intermédiaire entre deux ou plusieurs choses. Synon. lien. L'espace et le temps comme médiations entre la liberté et le monde (L. LAVELLE, De l'Acte, p.261 ds LAL. 1968).
B. 1. DR. et usuel. Entremise destinée à concilier ou à faire parvenir à un accord, à un accommodement des personnes ou des parties ayant des différends. Synon. arbitrage, conciliation, bons offices. Entreprise, offre de médiation; médiation de l'O.N.U.; offrir, présenter sa médiation; refuser la médiation de qqn; médiation diplomatique. L'émir, pris au dépourvu, fut obligé de se retirer dans le Huran, et invoqua la médiation du pacha, dont il flatta l'avarice et la cupidité (LAMART., Voy. Orient, t.1, 1835, p.265). Une nouvelle tentative de médiation était imminente. Un prêtre devait arriver à Tolède dans la nuit, entrer à l'Alcazar le lendemain sans doute (MALRAUX, Espoir, 1937, p.587):
Il était évident que l'indépendance de la Pologne ne trouvait qu'un appui précaire auprès des Anglo-Saxons. Dès janvier 1944, M. Cordell Hull faisait une réponse évasive à la demande de médiation de M. Mikolajczyk.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p.206.
En partic. Médiation armée. Médiation dans laquelle la puissance qui s'entremet entre les belligérants menace d'employer les armes contre la partie qui n'acceptera pas ses propositions (d'apr. Ac. 1878, 1935).
2. ETHNOL., HIST. RELIG. Entremise d'un génie protecteur ou d'un prêtre auprès des humains pour les rapprocher des divinités (d'apr. FRIES t.3 1966).
C. MUS. (domaine du plain-chant). Partage de chaque verset d'un psaume en deux parties, la première psalmodiée ou chantée par un choeur, la seconde par un autre. (Dict. XIXe et XXe s.).
D. ASTROL. Moment de culmination d'un astre; en partic. Midi (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth.: []. Ac. 1694 et 1718: me-, dep. 1740: mé-. Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. «division par deux» (A. Thirteenth century algorism, éd. E. G. R. Waters, 89 ds Isis, vol. XI, p.58 ) ; 2. fin XIVe s. mediacion (Arch. Nord, B 858, no 23869); ca 1480 «intermédiaire entre Dieu et l'homme» (Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 1519); 1541 «entremise pour concilier Dieu et l'homme» (CALVIN, Institution, éd. J. D. Benoit, L. III, ch. XX, p.356); 3. 1691 «moment de la culmination d'un astre» (OZANAM, p.196); 4. 1701 «pause faite au milieu des versets d'un psaume» (FUR.). Empr. au lat. mediatio «médiation, entremise». Fréq. abs. littér.: 191. Bbg. MACK. t.2 1939, p.282.
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Vincent3m
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médiation

Message par Vincent3m »

Merci pour cette analyse exhaustive ! Les résistances semblent fortes et nombreuses quant à l'utilisation de l'ordinateur comme "médiation". De fait, les définitions de la médiation en rééducation sont aussi nombreuses que variées. Cela n'est pas fait pour aider les débutants, les "en cours de formation" mais cela permet de se faire déjà, une idée un peu personnelle !
Cordialement
Vincent M.
Laurent
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Message par Laurent »

Peut-être est-ce perdre un peu du privilège que nous avons en tant que rééducateurs?

L'ordinateur ne serait-il pas une barrière à l'établissement (si riche) de la relation inter-individuelle ? Peut-être qu'elle fait peur et que l'on préfère se servir d'un autre support pour ne pas se livrer à l'enfant ?

Des marionnettes, de la pâte à modeler, de la peinture, des voitures sur un tapis, des jeux à règles...... permettent d'être plus au contact des enfants.
Il s'agit de médiations finalement plus rares pour eux car peu de parents des enfants suivis prennent le temps de jouer.

Profitez du temps de formation pour explorer en présence des formateurs les médiations théâtrales. Un excellent moyen d'apprendre à SE connaître et oser affronter des situations rééducatives parfois déstabilisantes.... :oops: :lol: :wink:

Apprendre à se connaître, changer de peau, passer de l'enseignant au rééducateur, tel est le véritable défi de l'année de formation.... (malheureusement écourtée)
Tester cette relation à l'individu, c'est totalement gratifiant et riche d'enseignements.
A mon avis, la technologie amoindrirait le travail rééducatif en ne permettant pas d'installer la relation entre le rééducateur et l'enfant.

Laurent, Première promo des CAPA-SH de Lille.
amitiées à Patrice NAGEL et à Isabelle DUHALDE
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

Je ne suis pas toujours de près les débats de ce forum. Celui-là m'avait complètement échappé.

Deux remarques.

La première est pour l'initiateur de ce fil de discussion, "Vincent3m". Hélène et moi ne sommes guère des fanatiques du mot "médiation" : trop polysémique, même dans le cadre du travail rééducatif. Mais, pour l'essentiel, l'ordinateur est évidemment pour nous une excellente médiation. Plus exactement, l'ordinateur est un excellent médiateur. Et même un tiers efficace. Nuances à méditer.

Autre remarque :
Laurent a écrit :A mon avis, la technologie amoindrirait le travail rééducatif en ne permettant pas d'installer la relation entre le rééducateur et l'enfant.
J'inviterais volontiers "Laurent" à lire mon ouvrage. Ou l'ouvrage de Pierre Lévy, Les technologies de l'intelligence. Assimiler l'ordinateur à "la technologie" (très banal chez les professeurs des écoles, pire encore chez beaucoup d'intellectuels) est aussi stupide que d'assimiler, disons, le livre à la presse à imprimer. Incompréhension radicale, désolante, de la signification culturelle de l'ordinateur et de tout ce qui s'ordonne autour de lui.

J'invite aussi "Laurent" à faire, tout simplement, l'expérience de s'asseoir à côté d'un enfant à l'ordinateur, et de suivre cet enfant assis là - comme rééducateur, ou comme professeur des écoles, ou comme parent. Après, on pourra peut-être commencer à discuter (des usages rééducatifs de l'ordinateur). Sinon, ce n'est pas la peine, on ne vit pas dans le même monde.

NOTA BENE : Hélène, qui de nous deux était la praticienne de la rééducation, n'a jamais été, disons, qu'une usagère minimaliste de l'informatique. :wink:
Cordialement,
Daniel Calin
Vincent3m
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Message par Vincent3m »

"Des marionnettes, de la pâte à modeler, de la peinture, des voitures sur un tapis, des jeux à règles...... permettent d'être plus au contact des enfants.
Il s'agit de médiations finalement plus rares pour eux car peu de parents des enfants suivis prennent le temps de jouer."
Oui, bien sûr, et même tous les autres supports ! Entièrement d'accord aussi avec la dernière remarque. Il n'empêche que, pour l'avoir vécu avec trois enfants tout à fait différents l'an dernier, l'ordinateur aussi peut s'avérer un excellent "outil" de rééducation. (logiciels Tux Paint - Tetris en 3D - et... utilisation de la souris ! Comme quoi, il en est de l'ordinateur comme des autres "jeux" on peut aussi s'amuser avec le carton d'emballage !
Cordialement
Vincent M.
Laurent
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Message par Laurent »

Daniel, expliquez-moi brièvement tout ce que je raterais en n'utilisant pas l'ordinateur en rééducation.

Face à cet outil, les enfants et les adultes sont bien souvent absorbés et ne communiquent que très peu.....(me semble-t-il ?)

Je préfère effectivement comme le dit Vincent utiliser le carton d'emballage, j'en recherche activement d'ailleurs car mon stock s'épuise...
:roll:

Quelle utilisation en fait vous avec l'enfant ou les enfants suivis ? Je suis très curieux de savoir. :shock:



PS : Vous êtes parfois virulent dans vos propos, et souvent avec moi....... :cry:
Gnegne
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Message par Gnegne »

Passionnant...

Laurent, je suis bien d'accord quand vous dites que les enfants ont besoin d'expériences sensorielles... quoique ce soit pour des raisons légèrement différentes des vôtres : patouiller, se salir, courir, tomber, se taper sur les doigts en construisant une cabane en bois, c'est développer "des processus par lesquels une connaissance sensorielle se transforme en une donnée intellectuelle" (voir le grand je sais tout, ci-dessus). Les enfants d'aujourd'hui manquent de ce type d'expérience et apprennent trop par écran interposé (ordi, télé, consoles...) au lieu de construire leur savoir avec tous leurs sens...
Par ailleurs, nous sommes tous persuadés que l'enfant doit passer du temps avec ses parents, l'adulte, à jouer, à communiquer, à construire des relations affectives...
Mais je suis néanmoins d'accord avec Daniel Calin quand il dit que l'ordi peut être un médiateur ou un tiers efficace...
Je suis en segpa et l'ordinateur est pour moi un outil formidable (médiateur ou tiers selon les situations). Il ne tue pas la relation communicative avec l'élève parce que j'ai décidé qu'il la permettrait, au contraire. C'est mon objectif et je le suis. En moins d'une heure, je communique entre 6 et 10 minutes avec chaque élève sur son fonctionnement métacognitif, ce qui serait bien impossible dans la situation de classe papier-crayon. C'est encore bien imparfait, mais pour mieux comprendre, voir par exemple sur mon site l'exercice Cendrillon ou les exercices sur les imageries...
A bientot peut-être
Vincent3m
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ordi médiateur

Message par Vincent3m »

@ Laurent : Le livre de Daniel C et Hélène Garrel est plein de situations vécues au cours desquelles l'ordinateur apparaît bien comme un tiers permettant l'expression, l'évolution et l'accompagnement d'une situation psychique de départ. Pour ce qui est des "cartons d'emballage" je parlais ... de la souris (!) puisque l'ordinateur peut-être aussi bien considéré comme "support de supports" que comme cadre délimitant un espace. La souris a un usage bien défini qu'un enfant peut "détourner" au gré de ses "jeux"... corporels par exemple.
Ma question de départ était en fait une petite provocation davantage destinée à m'éclairer sur la notion de "médiation" qui, effectivement, et le premier intervenant le reconnaît implicitement dans ses citations, peut laisser perplexe quant à la multitude de sens qu'elle peut recouvrir. Pour le reste, chacun aura compris que je suis fermement convaincu de la place de l'ordinateur dans la valise du rééducateur. Il me reste à le mettre en mots... !
Cordialement
Vincent M.
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

Laurent a écrit :Vous êtes parfois virulent dans vos propos
C'est vrai que je me sers un peu de mon site et de son forum comme "défouloir". Ce n'est pas très intelligent, mais ça me fait du bien. Et puis personne n'est obligé de me subir, contrairement à ce qui se passe quand je suis en situation professionnelle. Alors...
Quant au fait que cela vous vise souvent, j'en suis désolé, je n'avais pas remarqué. :oops:
Laurent a écrit :Daniel, expliquez-moi brièvement tout ce que je raterais en n'utilisant pas l'ordinateur en rééducation.
Non. D'abord parce que j'ai écrit avec Hélène un livre entier là-dessus, serré, pas facile. Impossible à résumer brièvement. Mais aussi parce qu'il m'est très difficile de communiquer sérieusement avec des personnes qui n'ont pas "expérimenté", aussi bien à propos de l'ordinateur que d'autres choses. Surtout quand cette "expérience" absente est remplacée par des préjugés comme :
Laurent a écrit :Face à cet outil, les enfants et les adultes sont bien souvent absorbés et ne communiquent que très peu
Sur ce point de vue, notez bien que cette affirmation est beaucoup plus vraie pour des lecteurs que pour des utilisateurs de l'ordinateur, lesquels ne cessent ordinairement de soûler leur entourage avec les objets virtuels de leurs passions. :wink:

Sur le fond, on peut évidemment être un bon rééducateur sans utiliser l'ordinateur, la rééducation s'étant d'ailleurs construite avant l'émergence de cet outil, avant sa popularisation en tous cas. Chaque rééducateur a et doit garder toute liberté pour choisir les "médiations" qui lui conviennent (la seule limite étant qu'elles conviennent aussi aux enfants pris en charge). Mon énervement ne vient pas de vos options de rééducateur, mais de l'incapacité de la plupart des professeurs des écoles, rééducateurs ou non, jeunes ou non, à comprendre, non pas même l'intérêt pédagogique de cet outil, mais cet outil lui-même. Pour des gens en charge de l'entrée dans la culture écrite des nouvelles générations, il me semble très grave de ne rien comprendre à ce point à ce qui est déjà le principal vecteur de la culture écrite ! :evil: Éternel penchant conservateur crasse du milieu enseignant, qui se pense pourtant volontiers progressiste ! Même si le passage à l'ordinateur représente un changement d'une toute autre ampleur, cela m'évoque toujours la guerre ubuesque contre les stylos à bille que j'ai subie dans ma jeunesse ! Désolant.

Sur le fond également, pour ce qui est cette fois de la seule rééducation, Hélène et moi pensons que la seule contre-indication de l'ordinateur en rééducation concerne précisément les enfants qui ont besoin de repasser par une expérience sensori-motrice. Resterait à cerner ce besoin. Nous avons tendance à penser qu'il concerne uniquement des enfants très jeunes et/ou très problématiques, très loin, donc, de l'ordinaire des enfants en rééducation... Voir à ce sujet le cas Robert, dans notre article intitulé Les apports de l’ordinateur en rééducation, repris maintenant sur ce site. J'ajouterais d'ailleurs pour ma part que le besoin de repasser par des expériences sensori-motrices est beaucoup plus important et beaucoup plus durable en pédagogie qu'en rééducation, même si cela peut sembler paradoxal. Ce n'est pas paradoxal, en réalité, tout simplement parce que la rééducation travaille de part en part sur du psychique et avec du psychique, alors que la pédagogie travaille pour l'essentiel sur les représentations du monde externe.
Cordialement,
Daniel Calin
patrick
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Message par patrick »

Je suis toujours étonné par ces questions autour de la médiation. À mon avis, elles sont sous-tendues par une idéalisation d'une "Relation", une grande oreille sans parasitage, une relation éthérée ne reposant sur rien dans laquelle les deux âmes se rencontrent.
Le terme de support a été dit, donc on sous-entend qu'il puisse exister une relation sans support, ou un support si transparent qu'il permettrait à "l'authentique relation" de se mettre en place. Même quand on se regarde dans le fond des yeux, il y a un support, maintenant savoir si les yeux de mon amoureuse envahissent plus la relation qu'une médiation plus technique, on voit bien que chacun peut fonctionner différemment et que tout est possible en amour.
La question n'est plus alors autour de la médiation mais de la relation, qu'est-ce qui nous pousse à chercher une" relation pure" ?

Pour réconforter Laurent qui avait l'impression de se faire rudoyer sur ce forum : il y a un principe d'aide fondamental TA!TA!TATA! : ce n'est pas la bienveillance des œuvres sociales de la duchesse qui va faire ses bonnes œuvres le dimanche à la messe qui peut aider aujourd'hui une personne qui est en demande mais le positionnement clair d'une personne qui ose dans ce monde confus tenir une place. M. Calin, en tenant une attitude ferme ne vous rudoie pas, au contraire, il vous estime comme apte à vous positionner.
Les rééducateurs ne sont pas des professionnels se tenant à une neutralité bienveillante. Ils sont porteurs d'école et de culture, ils se tiennent debout quand le système scolaire se fissure pour un enfant.
Si nous-même, entre nous, nous n'établissons pas cette relation de sujet à sujet, je ne vois pas comment nous pourrons la tenir face à des enfants.
Ce site est accueillant, pas d'injures mais surtout pas de langue de bois ni de béni oui oui, c'est de ça que l'on crève.
Laurent
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Message par Laurent »

Daniel Calin a écrit :Hélène et moi pensons que la seule contre-indication de l'ordinateur en rééducation concerne précisément les enfants qui ont besoin de repasser par une expérience sensori-motrice.
Les enfants suivis en rééducation dans ma pratique nordiste correspondent la plupart du temps à des manques culturels, des enfants trop souvent livrés à eux-mêmes face à leurs consoles de jeux (ou jouant à côté d'autres individus mais pas avec eux).
Pour ces enfants, le sevrage informatique (au sens le plus détestable) paraît indispensable... et leur apporter d'autres ouvertures et d'autres expériences est nécessaire. En ce sens, je préfère les médiations plus traditionnelles, (conventionnelles ?), en tout cas, celles qui les changent de leur quotidien.

J'essaie aussi de donner des pistes aux parents afin qu'ils puissent s'occuper de leurs enfants, car souvent la console est une facilité pour eux, comme l'est le DVD... Mémory, mikado, jeu de l'oie, jeu de bataille sont relativement peu onéreux à l'achat et permettent de passer de bons moments avec son enfant.

Cordialement, Sereinement, .....Laurent
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

Je remercie vivement Patrick pour son intervention dans ces débats. En particulier pour cette phrase :
patrick a écrit :M. Calin, en tenant une attitude ferme, ne vous rudoie pas, au contraire, il vous estime comme apte à vous positionner.
C'est peu dire que je m'y reconnais. J'ai repensé en lisant cette phrase à un vieux souvenir épique de ma période prof de philo, où toute une classe m'avait entraîné, à partir de ce qui avait été vécu comme un "rudoiement" de ma part, dans un débat autour de la notion de respect, qui nous avait bien occupé deux ou trois semaines... Nous avions dû conclure sur une formule exactement similaire à celle proposée ici par Patrick. J'ai longtemps gardé des liens forts avec plusieurs élèves de cette classe-là (pas seulement en lien avec cet épisode, bien sûr).

Quant à Laurent, qui persiste et signe, et même appuie lourdement, avec son "sevrage informatique", je persiste et signe : je ne crois pas du tout à la pertinence de ses analyses, surtout pas avec le public qu'il évoque. J'ai même tendance à penser que le "sevrage informatique" qu'il préconise aggraverait la situation de ces mômes, en termes de misère intellectuelle en particulier. Sauf à supposer qu'il suffit de ranger les consoles pour transformer les relations intrafamiliales ! Plus fondamentalement, je ne vois vraiment pas ce qui peut autoriser un rééducateur à une telle intrusion dans la vie des familles ! C'est "diplomatiquement" hallucinant et "déontologiquement" pour le moins suspect.

Remarque perfide : a-t-on jamais entendu un enseignant recommander le "sevrage livresque" pour retisser les liens familiaux ? :lol: Et pourtant !

Autre souvenir personnel, pour conclure : mon fils bien-aimé et moi avons passé de multiples et longs moments, ensemble, pendant des années, autour de l'ordinateur, entre autres. Bonheur et complicité.
Cordialement,
Daniel Calin
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