Confidentialité... la parole rééducatrice...

Questions spécifiques concernant les formations à l'option G (rééducation).
Répondre
pauline

Confidentialité... la parole rééducatrice...

Message par pauline »

Cette année, depuis 12 ans que j'exerce le métier de rééducatrice, j'ai été confrontée à une ingérence des parents dans la rééducation à 2 reprises : interrogatoire de l'enfant le jour de sa séance, parole supposée des parents rapportée par l'enfant au cours de la séance (ma maman ne veut pas que je dise que ... maman dit que ...), et plaintes auprès de la direction ! La parole supposée du parent dans la séance est un phénomène connu et nous savons y faire face. Par contre, l'intervention auprès de la hiérarchie ! Chaque fois, la rééducation a été stoppée à l'initiative de la famille. Pour un de ces 2 cas, la mère a mis une condition à la poursuite de l'aide : que je lui redise ce que me disait l'enfant !! Chaque fois, je fais figure d'accusée par le psy, au dire des parents ! Certains parents invoquent la parole du psy qui suivrait l'enfant (alors qu'ils ne m'avaient pas avertie de ce suivi au moment du premier entretien). La parole prétendue du psy étant bien sûr une condamnation de mon aide... Qu'en pensez-vous ? J'y vois une accentuation de la tendance à la médicalisation de la difficulté scolaire, à la défiance grandissante vis-à-vis de l'école. Je précise que ces 2 incidents se sont produits dans une école privée, la plus élitiste de la ville. Ma question est comment, lors de l'entretien préalable à l'aide, prévenir ces dérives ? J'ai chaque fois reprécisé la rééducation, mon projet, la confidentialité etc... mais je finis par être atteinte et culpabilisée. J'ai besoin d'échanger à ce propos car je suis très seule sur mon secteur. D'autre part, il s'agissait de 2 rééducations bien engagées, très riches, où l'enfant s'exprimait et évoluait de manière positive. J'ai dérangé la famille... Une analyse systémique est intéressante ... mais ma question porte surtout sur ma fonction de rééducatrice dans cette école. Ma collègue E rencontre les mêmes problèmes : mise en cause de son intervention, de ses projets, du contenu ! Notre directrice est très impliquée dans le réseau et nous soutient, heureusement ! L'équipe par contre vit très mal notre fonction d'aide et d'interrogation de l'institution. Le travail dans cette école est très difficile. Dans ce contexte, ce que je raconte ci-dessus nous fragilise encore plus. Je trouve que la question de l'existence du RASED dans cette école finira peut-être par se poser ?
CORMIER
Visiteur
Visiteur
Messages : 3
Enregistré le : 14 nov. 2006 10:24
Localisation : IUFM Nantes

confidentialité

Message par CORMIER »

Bien tard pour répondre à vos questions ! Considérer la difficulté des parents à renoncer à leur toute-puissance. La rééducation les bouscule trop. Cela fait donc partie de la problématique de l'enfant. L'entretien au moment du "contrat rééducatif" permet de poser le cadre. Sa contestation est à lire comme symptôme réactionnel, défensif. Tenir calmement votre cadre, ne pas lâcher ! Ils n'attendent que cela ! Le travail ne peut pas se poursuivre sans l'autorisation des parents : ne pas hésiter à proposer un arrêt : cela fait réfléchir, ouvre une porte. Ils reviendront... Tant pis pour le temps : il faut savoir le "prendre", le "perdre" . Jamais vous ne devez apparaître en demande ; laisser être, laisser faire l'autre... savoir lâcher, renoncer... Rester tiers, garder votre distance est un exercice professionnel fondamental pour un rééducateur ! Tout ce que vous vivez fait partie du processus rééducatif même : métier difficile, éprouvant !
patrick
Animateur
Animateur
Messages : 166
Enregistré le : 25 mai 2005 22:41

Message par patrick »

Il me semble que vous faites la bonne analyse de cette répétition symptomatique sur une école de défiance par rapport à votre travail. Il apparaît à travers vos propos que vous servez d'enjeu entre la directrice et son équipe. La directrice trop impliquée dans votre travail et l'équipe réticente à ce travail.
Si vous suivez mes interventions sur ce site, vous devez savoir que j'ai des "fixettes"! L'institutionnalisation de l'aide et le travail de la demande.
Ce n'est pas la directrice qui demande de l'aide mais l'enseignante, vous avez dû à votre insu ne pas assez laisser de place à l'enseignante, ou peut-être même que la directrice ne vous a pas laissé cette place. C'est à mon avis la première question que votre réseau doit se poser.
Ensuite il faut, même si le réseau est incomplet, institutionnaliser encore plus qu'ailleurs l'aide, afin que les enseignantes soient porteuses de cette aide auprès des familles. Je pense que la répétition vient de là, une aide que les parents ne sentent pas portée par l'enseignante et qu'ils peuvent alors fantasmer comme concurrente avec le psy.
Dans cette école, je ne ferais pas de réunion de concertation en présence de la directrice, j'organiserais un travail de la demande auprès de chaque enseignante en particulier, ensuite une feuille de retour de synthèse RASED proposant un type d'aide et indiquant à l'enseignante que c'est à elle à contacter les familles pour qu'elles prennent rendez-vous avec le réseau. Ensuite, en réunion de conseil de cycle, je ne parlerais pas des cas des enfants mais des relations école-réseau de façon générale, très théorique, en posant la question sur le statut de la difficulté, le rôle d'entre deux du réseau... Ensuite seulement, quand l'équipe aura fait un pas vers une modification de ses représentations, il faudra intervenir en conseil d'école et ne pas y apparaître comme les diables laïques qui viennent jusque dans les écoles privées pour violer leur intimité.
C'est une belle bataille à mener, chez nous, il n'est même pas question d'intervenir comme réseau, seule la psy peut y accéder !!
Que les parents ne nous fassent pas part d'une prise en charge extérieure, je n'y vois aucun inconvénient (presque au contraire !), si par contre l'enfant en parle c'est que lui est peut-être dans la confusion.
Répondre