Maître E / Prise en charge individuelle ou poste de soutien?

Questions spécifiques concernant les formations à l'option E (aides pédagogiques spécialisées en RASED).
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Gilles
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Maître E / Prise en charge individuelle ou poste de soutien?

Message par Gilles »

La fonction exacte du maître E au sein du RASED me semble floue et mal définie. Le maître E peut-il se voir confier un poste de soutien dans une école ou bien sa formation le conduit-elle plutôt vers une prise en charge plus individuelle de l'enfant ?
J'aimerais connaître l'expérience de collègues exerçant cette fonction depuis quelques années.
Avec mes remerciements
Dominique Douay
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Maître e: Prise en charge individuelle ou maître de soutien

Message par Dominique Douay »

La fonction du maître E est, à mon avis, bien définie dans le BO spécial n°4 du 26 février 2004, dans l’annexe 1: L’enseignant chargé des aides spécialisées à dominante pédagogique s’adresse plus particulièrement aux élèves qui “manifestent des difficultés avérées à comprendre et à apprendre, alors même que leurs capacités de travail mental sont satisfaisantes”. Il met en place pour ces élèves des actions qui visent à la maîtrise des méthodes et des techniques de travail, à la stabilisation des acquisitions et à leur transférabilité, à la prise de conscience des manières de faire qui conduisent à la réussite.
Je pense en effet, que c’est par rapport aux difficultés des élèves que l’on comprend la différence. Un maître de soutien met en place de la remédiation pédagogique avec des élèves identifiés comme étant en difficultés scolaires sur des compétences précises. Il s’agit donc, par la mise en place de groupe de besoin d’amener les élèves à l’acquisition de compétences non acquises, par exemple, aider à automatiser les mots, les nombres qui posent problème 70-80-90, rechercher rapidement dans un dictionnaire, … Il est donc un enseignant supplémentaire pour animer les groupes de besoins dans les écoles où beaucoup d’élèves relèvent d’un PPRE. Auparavant, il existait des postes de soutien en zone rurale dans le Pas-de-Calais, désormais les postes que je connais sont des postes d’animateur soutien en ZEP.
Le problème est effectivement, que, dans certains cas, notamment la mise en place de dispositif particulier d’aide (dispositif de prévention, MACLE), le maître spécialisé est alors «utilisé» en tant que maître supplémentaire, donc maître de soutien. Ces dispositifs de prévention permettent à certains élèves de ne pas basculer dans les difficultés graves et durables. Je pense que lorsqu’un maître E travaille dans ces dispositifs, il garde cependant une posture spécialisé, et le fait de travailler en prévention, permet parfois de repérer les élèves qui seraient susceptibles d’être en difficulté grave et durable au cycle 3. Je pense qu’avec l’expérience, on peut repérer certaines compétences transversales qui font défaut dès la maternelle, et ne pas attendre que l’élève soit au CE1 pour découvrir qu’il est en difficulté grave. Auparavant c’étaient les évaluations CE2 qui nous faisaient découvrir des élèves pour lesquels aucune demande d’aide n’avait jamais été faite et qui pourtant, étaient installées dans une difficulté scolaire grave.
Pour que le maître E intervienne en groupe d’aide spécialisé, il y aura déjà eu tout un travail préliminaire au niveau du RASED. Suivant les analyses réalisés par le maître spécialisé correspondant, suite à une demande d’aide, lors de la synthèse de réseau, les membres décideront s’il y aura suivi ou non; certains élèves paraissent en échec scolaire pour des maîtres de classe, alors que l’aide est à apporter au niveau de la classe ou de l’école (groupes de besoin). S’il y a besoin d’un suivi spécialisé, les membres du réseau décideront quel suivi sera le plus approprié – soit un suivi psychologique, un suivi rééducatif par un maître G, suivi en aide pédagogique par la maître E, ou autres (dans mon antenne, c'est plutôt le psychologue qui se charge des élèves qui auraient besoin d'un suivi thérapeutique particulier avec l'aide du médecin scolaire).
Un suivi en groupe d’aide pédagogique spécialisé est décidé : le maître E s’attachera, comme tout maître spécialisé à connaître les besoins éducatifs particuliers des élèves confiés afin de bâtir ses séances de re-médiation, qui permettront aux élèves de prendre conscience de leurs procédures, de maîtriser des compétences d’ordre transversales : maîtriser de méthodes de travail, être capable de transférer des savoir-faire d’un domaine à l’autre (je pense aux élèves qui ont des facilités de compréhension en mathématiques mais qui n’utilisent pas ces compétences pour la lecture, par exemple).
Même si les supports peuvent être parfois identiques que ceux utilisés par le maître de soutien, surtout en fin de prise en charge, c’est la posture du maître spécialisé, qui sera différente. Au lieu d’être parmi les élèves, il sera très souvent observateur, et laissera les élèves discuter de leurs différentes réponses, se justifier auprès des autres (conflit socio-cognitif).
Une autre différence est celle du travail de l’enseignant. Alors qu’un maître de classe ou de soutien aura préparé de belles progressions :lol: pour que l’élève acquiert la compétence non acquise, le maître spécialisé travaillera au plus près des besoins éducatifs particuliers des élèves confiés, il devra donc adapter ce qu’il a prévu pour prendre en compte tout ce qu’il aura observé en séance :shock: , et noté soit pendant, soit juste après la séance. Car, ce qui est formidable dans ce boulot, c’est que généralement, (peut-être après quelques années d’expérience, cela ne sera plus ainsi :roll: ), tu te rends compte que tes hypothèses de travail par rapport à la question : « Pourquoi cet élève là n’arrive pas à apprendre en classe ? » étaient fausses, et tu poursuis des investigations. C’est en définitive un travail de détective. Nous sommes des Experts !!! :P
Je reprends un exemple : en maternelle grand, un élève n’a pas compris le principe alphabétique. Le maître de classe ou de soutien en petit groupe lui propose une tâche d’encodage. Il décode ce que cela veut dire pour renvoyer à l’élève ce qu’il sait déjà : J’ai vu que tu écris un long mot pour libellule et un petit mot pour lion, tu sais que si on dit beaucoup de choses, on écrit beaucoup de lettres. Maintenant, je vais te montrer comment moi j’écris. L’enseignant montre donc à l’élève comment il s’y prend pour écrire, en explicitant le nom des lettres, le tracé, le son qu’elles produisent… (voir PROG Apprentissage progressifs de l’écrit à l’Ecole maternelle). Il laisse l’élève apprécier l’écart entre ce qu’il fait et ce qui est encore à faire.
Un maître E, dans son groupe d’aide, avec la même tâche d’encodage, laissera les élèves expliquer comment ils s’y sont pris (conflit-socio-cognitif) et notera les explications les plus représentatives de leurs procédures. C’est en montrant aux autres comment ils s’y sont pris qu’ils rendent transparents leurs procédures. Bien sûr, en maternelle, c’est souvent les maître E qui verbalisera ce qu’il a vu (j’ai vu que …redisait tout bas le mot pour l’écrire, que … regardait les affichages de la classe…..).
J’espère que tu comprends mieux la différence, et que je n’ai pas été trop confuse.
D.D.
Gilles
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Message par Gilles »

Merci beaucoup pour ton courriel qui répond avec précision à mes interrogations.
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