développer sa pratique de maître E?
Posté : 02 oct. 2005 10:15
On dit souvent que l'écriture permet de mettre à distance ses affects alors je vais tenter d'écrire en réaction au message de Flo et du fil de discussion qui s'en est suivi (et de quelques autres que j'ai consulté ce matin).
Je suis pour ma part Maître E, dans une banlieue pas trop sinistre mais quand même pas très drôle non plus. ZEP de ZEP of course (Mais bon à force on finit par perdre la norme. N'est-ce pas S. si tu lis ce fil !!!) Ça fait 5 ans que j'ai commencé à me (re)convertir vers le" traitement" ???? de la difficulté scolaire. Certifiée CAAPSAIS dernière mouture avant CAPA-SH.
Malgré ces cinq années fortement formatrices et passionnantes, j'en suis toujours à rechercher mon identité professionnelle et c'est pas simple.
Le nom déjà. Je ne me reconnais dans aucun et ne parviens à me faire reconnaître dans aucun. Psychopédagogue : ben non on a tôt fait de me faire remarquer que je n'ai aucune certification d'ordre psychologique. OK.
Orthopédagogue me plait assez mais quand tu dis ça on te regarde comme une sacrée prétentieuse.
Maîte E ? C'est quoi ce bazar de E ? Tu fais quoi d'abord de plus que moi qui suis pas E ? Du soutien ? Ben tiens t'as qu'à les prendre puisque moi j'y arrive pas. Si tu avances la prise en compte d'une problématique là tu rencontres en général le psy qui te redit que tu n'as pas de compétences psy, le rééducateur qui te dit que l'inscription de l'élève dans l'enfant c'est son job, l'orthophoniste qui te raconte que la conscience phonologique c'est sa boutique et j'en oublie sûrement.
Il m'est arrivé de sortir mon classeur réglementaire. Alors LÀ !!! Tu donnes le bâton pour te faire battre. Mais ils en ont rien à foutre des textes !!! À part l'inspecteur qui, en ce qui me concerne, essaie de les faire appliquer et respecter (avec des hauts et des bas), tout le monde s'en tape des textes.
Eh bien j'ai pas de réponse. Alors j'essaie d'affirmer haut et fort que j'existe, que je ne suis ni tout à fait différente, ni tout à fait la même. Que comme tout être humain j'ai droit au respect. Je développe ma pratique professionnelle comme je peux avec le souci de répondre à une difficulté d'enfant qui souffre de ne pas pouvoir être élève. J'ai acquis quelques petites certitudes même si je continue à me tromper parfois (souvent peut-être). Sans la famille, sans une compréhension (pardon les psy) minimum de ce qui cause cette souffrance d'élève, je ne peux pas donner du sens à la difficulté. Moi j'ai besoin, dans le travail que je mène avec mes élèves partagés avec d'autres, d'avoir la parole de l'enseignant, celle de la famille dans ses propres souffrances scolaires ou autres, de mon bout de choux qui comprend rien à ce qui lui arrive et à l'agitation qu'il suscite. Avec tout ça je fabrique une représentation de cet enfant pour l'amener à prendre quelque chose du scolaire qu'il entend dans sa classe. C'est pourquoi je bataille sévèrement avec certains collègues pour que justement, du scolaire, ils en entendent plus que les autres, dans leur classe. Parce que moi, le scolaire que je fais dans ma classe, c'est du scolaire qui doit servir à entendre le scolaire de la classe. Je ne m'appelle pas Rambo et je ne peux pas faire en deux heures ce que mon colllègue fait en 26.
Alors j'ai tenté une expérience intéressante cette année. (Je m'y suis prise comme un manche alors évidemment je vous le dis tout de suite ça a capoté) Nous faisons passer à nos élèves (tous, pas seulement ceux qui sont en souffrance) tout un tas d'évaluations : nationales, départementales, internes... Je m'amuse dans ma maison, sur mon petit ordinateur, à essayer de donner un sens aux données ainsi recueillies. Quelles compétences font défaut ? Que pourrions travailler avec l'ensemble des élèves ? Y a-t-il des groupes de besoins qui se dégagent? Accessoirement y a-t-il quelques élèves qui pourraient bénéficier de mes services ? Bref, j'essaie de faire parler le Médial, les livrets roses et j'en passe. Généralement mes collègues sont ravis de ma prestation. Ils ont de très beaux graphiques à mettre dans leurs classeurs pour quand ils seront inspectés, ils ont le sentiment que mes dessins leur donnent une certaine assise. Bref, ils sont contents. J'avais cependant remarqué que lorsque je dépasse le stade graphique pour tenter une approche écrite avec noir sur blanc des compétences à travailler, au hasard langue orale en maternelle, développement de l'empan culturel par une fréquentation assidue de l'écrit à la BCD par exemple, développement d'un travail spécifique au CP sur la question des segmentations de l'oral et de l'écrit, généralement, là, ça commence à ne plus aller. Le maître E, il gonfle tout le monde (ou presque), il fait son prétentieux (la personne ressource des textes ça fait peur il paraît).
Bref, bref, bref. Je me suis mêlée cette année de développer une réflexion, à un niveau de classe, autour de l'idée qu'avant de hurler à l'aide on pourrait tenir compte des résultats de l'évaluation pour mettre en œuvre un dispositif pédagogique cohérent avec la situation des élèves. Une heure ça a tenu!!!
Problème : mais quand donc on va se voir pour mettre en œuvre cette réflexion ??? Sur le temps d'école, c'est pas possible, qu'est-ce qu'on fait des élèves ? En dehors non plus "il y a quand même une vie hors de l'école !!" (sic. C'est vrai, bonne remise en place. J'avais oublié du haut de ma petite cinquantaine qu'à vingt ans on a autre chose à faire que de bosser). La proposition de l'institution est : vous n'aurez qu'à faire ça lors du conseil de cycle. Problème : il est fixé je sais pas quand à la saint glin glin et en plus il est en application de la circulaire intitulée "apéro dinatoire" (sic aussi. Si quelqu'un l'a, merci de me la faire parvenir je ne l'ai pas trouvée)
Conclusion de c't'affaire. Le dirlo i me parle plus paceque les RASED vraiment on fait chier. Mes collègues ça dépend. Y en a qui disent "ben merde elle dit plus rien la dame". D'autres, "Ouf on l'entend plus". Ma chef il paraît qu'elle veut me voir mais elle sait pas quand (de toutes façons je n'y tiens pas trop, en plus je passe pour une balance !! (sic aussi)
Sur le fond, je suis renvoyée, et mes bouts de choux aussi, à de l'individuel. Donc : synthèse, croisement des regards (oui, oui je sais lire et je peux même rigoler !!!) Les vacances de la Toussaint arrivent et nous commençons les synthèses !!! Ah ! Ah ! Ah !
Ouf ! Cest long. Je sais même pas si ce texte va bien vouloir passer sur le cable. Je pense que vous aurez eu raison de zapper, c'est trop long. Mais ça fait du bien. En fait, à sept heures, j'étais devant ma machine pour prendre la base de données que j'attends depuis la rentrée pour respecter, une dernière fois, l'engagement que j'ai pris de faire mes petits dessins après les évaluations. Manque de chance, c'est toujours pas arrivé alors je suis allée prendre le temps de regarder les modifications du site de Daniel Calin. Voilà ou ça mène l'inactivité du dimanche matin quand on n'a pas la frite !! Merci Daniel et Pascal et les autres d'avoir nourri mon intellect ce matin. J'ai la flemme de me relire, pardon pour les fautes de frappe qui doivent subsister et certainement les fautes d'orthographe que même à mon grand âge je continue à faire.
Domi qui ne sais plus du tout comment exister (Professionellement s'entend. Pour le reste, Merci A. ça continue à aller)
Je suis pour ma part Maître E, dans une banlieue pas trop sinistre mais quand même pas très drôle non plus. ZEP de ZEP of course (Mais bon à force on finit par perdre la norme. N'est-ce pas S. si tu lis ce fil !!!) Ça fait 5 ans que j'ai commencé à me (re)convertir vers le" traitement" ???? de la difficulté scolaire. Certifiée CAAPSAIS dernière mouture avant CAPA-SH.
Malgré ces cinq années fortement formatrices et passionnantes, j'en suis toujours à rechercher mon identité professionnelle et c'est pas simple.
Le nom déjà. Je ne me reconnais dans aucun et ne parviens à me faire reconnaître dans aucun. Psychopédagogue : ben non on a tôt fait de me faire remarquer que je n'ai aucune certification d'ordre psychologique. OK.
Orthopédagogue me plait assez mais quand tu dis ça on te regarde comme une sacrée prétentieuse.
Maîte E ? C'est quoi ce bazar de E ? Tu fais quoi d'abord de plus que moi qui suis pas E ? Du soutien ? Ben tiens t'as qu'à les prendre puisque moi j'y arrive pas. Si tu avances la prise en compte d'une problématique là tu rencontres en général le psy qui te redit que tu n'as pas de compétences psy, le rééducateur qui te dit que l'inscription de l'élève dans l'enfant c'est son job, l'orthophoniste qui te raconte que la conscience phonologique c'est sa boutique et j'en oublie sûrement.
Il m'est arrivé de sortir mon classeur réglementaire. Alors LÀ !!! Tu donnes le bâton pour te faire battre. Mais ils en ont rien à foutre des textes !!! À part l'inspecteur qui, en ce qui me concerne, essaie de les faire appliquer et respecter (avec des hauts et des bas), tout le monde s'en tape des textes.
Eh bien j'ai pas de réponse. Alors j'essaie d'affirmer haut et fort que j'existe, que je ne suis ni tout à fait différente, ni tout à fait la même. Que comme tout être humain j'ai droit au respect. Je développe ma pratique professionnelle comme je peux avec le souci de répondre à une difficulté d'enfant qui souffre de ne pas pouvoir être élève. J'ai acquis quelques petites certitudes même si je continue à me tromper parfois (souvent peut-être). Sans la famille, sans une compréhension (pardon les psy) minimum de ce qui cause cette souffrance d'élève, je ne peux pas donner du sens à la difficulté. Moi j'ai besoin, dans le travail que je mène avec mes élèves partagés avec d'autres, d'avoir la parole de l'enseignant, celle de la famille dans ses propres souffrances scolaires ou autres, de mon bout de choux qui comprend rien à ce qui lui arrive et à l'agitation qu'il suscite. Avec tout ça je fabrique une représentation de cet enfant pour l'amener à prendre quelque chose du scolaire qu'il entend dans sa classe. C'est pourquoi je bataille sévèrement avec certains collègues pour que justement, du scolaire, ils en entendent plus que les autres, dans leur classe. Parce que moi, le scolaire que je fais dans ma classe, c'est du scolaire qui doit servir à entendre le scolaire de la classe. Je ne m'appelle pas Rambo et je ne peux pas faire en deux heures ce que mon colllègue fait en 26.
Alors j'ai tenté une expérience intéressante cette année. (Je m'y suis prise comme un manche alors évidemment je vous le dis tout de suite ça a capoté) Nous faisons passer à nos élèves (tous, pas seulement ceux qui sont en souffrance) tout un tas d'évaluations : nationales, départementales, internes... Je m'amuse dans ma maison, sur mon petit ordinateur, à essayer de donner un sens aux données ainsi recueillies. Quelles compétences font défaut ? Que pourrions travailler avec l'ensemble des élèves ? Y a-t-il des groupes de besoins qui se dégagent? Accessoirement y a-t-il quelques élèves qui pourraient bénéficier de mes services ? Bref, j'essaie de faire parler le Médial, les livrets roses et j'en passe. Généralement mes collègues sont ravis de ma prestation. Ils ont de très beaux graphiques à mettre dans leurs classeurs pour quand ils seront inspectés, ils ont le sentiment que mes dessins leur donnent une certaine assise. Bref, ils sont contents. J'avais cependant remarqué que lorsque je dépasse le stade graphique pour tenter une approche écrite avec noir sur blanc des compétences à travailler, au hasard langue orale en maternelle, développement de l'empan culturel par une fréquentation assidue de l'écrit à la BCD par exemple, développement d'un travail spécifique au CP sur la question des segmentations de l'oral et de l'écrit, généralement, là, ça commence à ne plus aller. Le maître E, il gonfle tout le monde (ou presque), il fait son prétentieux (la personne ressource des textes ça fait peur il paraît).
Bref, bref, bref. Je me suis mêlée cette année de développer une réflexion, à un niveau de classe, autour de l'idée qu'avant de hurler à l'aide on pourrait tenir compte des résultats de l'évaluation pour mettre en œuvre un dispositif pédagogique cohérent avec la situation des élèves. Une heure ça a tenu!!!
Problème : mais quand donc on va se voir pour mettre en œuvre cette réflexion ??? Sur le temps d'école, c'est pas possible, qu'est-ce qu'on fait des élèves ? En dehors non plus "il y a quand même une vie hors de l'école !!" (sic. C'est vrai, bonne remise en place. J'avais oublié du haut de ma petite cinquantaine qu'à vingt ans on a autre chose à faire que de bosser). La proposition de l'institution est : vous n'aurez qu'à faire ça lors du conseil de cycle. Problème : il est fixé je sais pas quand à la saint glin glin et en plus il est en application de la circulaire intitulée "apéro dinatoire" (sic aussi. Si quelqu'un l'a, merci de me la faire parvenir je ne l'ai pas trouvée)
Conclusion de c't'affaire. Le dirlo i me parle plus paceque les RASED vraiment on fait chier. Mes collègues ça dépend. Y en a qui disent "ben merde elle dit plus rien la dame". D'autres, "Ouf on l'entend plus". Ma chef il paraît qu'elle veut me voir mais elle sait pas quand (de toutes façons je n'y tiens pas trop, en plus je passe pour une balance !! (sic aussi)
Sur le fond, je suis renvoyée, et mes bouts de choux aussi, à de l'individuel. Donc : synthèse, croisement des regards (oui, oui je sais lire et je peux même rigoler !!!) Les vacances de la Toussaint arrivent et nous commençons les synthèses !!! Ah ! Ah ! Ah !
Ouf ! Cest long. Je sais même pas si ce texte va bien vouloir passer sur le cable. Je pense que vous aurez eu raison de zapper, c'est trop long. Mais ça fait du bien. En fait, à sept heures, j'étais devant ma machine pour prendre la base de données que j'attends depuis la rentrée pour respecter, une dernière fois, l'engagement que j'ai pris de faire mes petits dessins après les évaluations. Manque de chance, c'est toujours pas arrivé alors je suis allée prendre le temps de regarder les modifications du site de Daniel Calin. Voilà ou ça mène l'inactivité du dimanche matin quand on n'a pas la frite !! Merci Daniel et Pascal et les autres d'avoir nourri mon intellect ce matin. J'ai la flemme de me relire, pardon pour les fautes de frappe qui doivent subsister et certainement les fautes d'orthographe que même à mon grand âge je continue à faire.
Domi qui ne sais plus du tout comment exister (Professionellement s'entend. Pour le reste, Merci A. ça continue à aller)