"Merci à tous pour la qualité de vos interventions" comme nous a dit JP Delahaye...
Je ne regrette pas du tout d'être venu échanger sur ce forum, ça fuse et ça foisonne dans un esprit constructif, j'aime beaucoup.
Et je m'engage à vous tenir au courant jusqu'au bout des discussions (même si je prends sur mon temps syndical

)
Je vais répondre en vrac à certains points que vous soulevez.
Sur le syndicalisme (ce n'est pas l'objet principal mais quand même...): l'image que vous renvoyez n'est pas très flatteuse mais je le comprends et nous aurions sûrement à réfléchir à un aggiornamento salvateur...
Ceci dit, la démocratie participative se pratique aussi dans les syndicats, venez voir! Ensuite, j'ai choisi d'appartenir à une confédération et à un syndicat général justement pour éviter de me retrouver uniquement à discuter avec ma corporation (même si le nom de votre syndicat m'a bien fait marrer...).
Deux exemples vite fait: quand je discute "retraites", je le fais avec des métallos qui ont commencé à bosser à 17 ans et qui ont 10 ans d'espérance de vie de moins que moi... Au sein de l'EN, dans mon syndicat général, je parle des SEGPA avec les PE mais aussi les PLP, les PLC, les chefs d'établissements et même des profs de première S

Cela nous permet de ne pas trop se monter les uns contre les autres (un prof de première S te dira par exemple que certes ses élèves sont moins remuants mais qu'il a un tout petit peu plus de copies à corriger quand il fait un bac blanc...) mais aussi de prendre conscience de la réalité des écarts de traitement:
http://sgen.net/petition/index.php
Cela permet aussi de se rendre compte qu'il existe tout de même deux ou trois PLC bienveillants et pédagogues...
Sur le dogme de l'inclusion et l'inclusion systématique.
Je n'aime pas tellement le mot inclusion. Je préfère l'idée de l'école pour tous. De la mixité.
Cette conférence de M Benassayag m'a beaucoup fait réfléchir sur la place des uns et des autres:
http://www.youtube.com/watch?v=Cp5d45Fr3_c
Il y explique que la société ça devrait être tout le monde mais que ce n'est pas vraiment tout le monde, finalement. Et que lorsqu'on parle de diversité , d'intégration ou d'inclusion, on dit en fait que "la société est un sous-ensemble qui se regarde comme la société et qui dit à d'autres qu'il faut s'intégrer", les "pas comme il faut", les pas conformes.
Maintenant, comme dit Sarri, le réalisme doit primer. Mais alors pousse jusqu'au bout le raisonnement: le collège, les élèves, les PLC sont ce qu'ils sont mais les PE et PLP de SEGPA aussi... J'ai fait fonction de directeur pendant un an, je suis allé dans pas mal de SEGPA du département, je sais comment elles fonctionnent et les comportements, ne sont pas partout exemplaires (le rapport sur la grande difficulté le met en évidence et les gens qui ont pondu ce rapport ont passé 2 ans à faire le tour des académies). Katow parlait d'activités ambitieuses, de la suppression des notes, de pédagogie Freinet et Institutionnelle, j'applaudis mais je sais que nous sommes la seule SEGPA de mon département à avoir supprimé les notes et ne pas valider en bloc les compétences du palier 2... Et je vous rappelle cette phrase du rapport: "trop souvent, on relève aussi des séances beaucoup plus frontales et directives, accompagnées de fiches et d'exercices photocopiés identiques pour tous"... Ils parlent également de limitation des perspectives et des contenus et de l'extensibilité du temps didactique (c'est moi qui ajoute ce jargon mais c'est une dérive que nous avons tous rencontrée: 6 mois sur l'Egypte parce que l'Egypte, ils aiment bien...).
Mais je vous rassure, nous ne sommes pas pour tout détruire et casser les structures qui fonctionnent, ce serait idiot. D'ailleurs, personne n'est intervenu dans ce sens lors du GT.
Nous (CFDT) avons parlé de passer d'une filière à un dispositif pour ouvrir les portes, pour donner de l'air, de la souplesse. Mais en précisant dans la foulée, que cela ne pourrait se faire qu'en conservant des moyens fléchés.
Le risque de dilution des moyens est réel, vous avez raison. Le fléchage des moyens hors DGH est une solution pour s'en protéger. En résumé, on peut étiqueter les moyens sans étiqueter les élèves...
Pour donner plus de souplesse, nous pourrons nous inspirer de ce qui se fait chez Fred et Katow. D'ailleurs, je vous le dis tout net, je suis jaloux et je bosserais bien chez vous. Bienveillance, coopération, réflexion pédagogique, liens, réseaux... elles sont au Québec vos SEGPA ou quoi?
J'en parlais hier en synthèse et mon directeur rappelait l'importance du pilotage... Comment ça se passe chez vous? Sarri l'a évoqué et c'est un vrai problème. Qui impulse?
Nous avons l'impression que les IEN ASH s'occupent de moins en moins de l'adaptation. J'ai déjà entendu mon inspectrice dire qu'ils avaient été dépossédés d'un tas de prérogatives (organisation du CFG, orientation, et peut-être d'autres choses). Mais dans le Maine et Loire, cela ne semble pas être le cas, par exemple...
Résultat: chacun est laissé à son fonctionnement et on voit sur ce forum les écarts de pratiques, et donc de résultats!
Revenons à l'inclusion. Pourquoi considérer d'emblée qu'elle soit totale ou systématique? Ce n'est pas le cas en ULIS. Les élèves vont en intégration mais sont aussi très souvent en classe avec un PE et une AVS pour préparer un cours ou le réviser, pour continuer d'apprendre à lire, pour expliciter, pour personnaliser,...
Dans tous les collèges où je suis passé, un élément fait réfléchir les PLC qui intègrent un peu nos élèves. Nous nous en rendions compte avec les évaluations 6ème quand elles existaient encore et nous nous en rendons compte cette année dans mon collège puisque deux de mes élèves de sixième vont en mathématiques en sixième ordinaire (eux il disent "normale"...): nos meilleurs élèves de 6ème SEGPA sont meilleurs que les moins bons du collège (ouh là pas super clair comme phrase mais vous aurez compris). Quentin a eu un 15 en géométrie la semaine dernière! (ça fait un peu ch... parce que les notes c'est pas mon truc mais je l'ai félicité quand même...).
Il n'y a qu'une discipline dans laquelle ce n'est pas vrai: le français... Vous devez le savoir comme moi, c'est bien dans la culture de l'écrit que nos élèves ne sont pas entrés. Sur d'autres plans ils peuvent être tout à fait en réussite.
Autre exemple: la souplesse que nous appelons de nos voeux permettrait de gérer des "accidents de parcours". Nous avons cette année une élève de cinquième qui à perdu pied dans un collège en sixième mais qui est très "scolaire", comme on dit. Elle a complètement repris confiance en elle et a rattrapé un retard considérable en trois mois grâce aux fichiers Pidapi et à ses habitudes de travail. Nous sommes en train d'étudier comment la réintégrer au collège.
Du coup, sur la place de la sixième, je suis en phase avec les arguments de Sarri sur le poids de l'orientation sur les épaules du PE de CM2 (et CM1) et on peut très bien imaginer que la classe de 6ème n'existe plus en elle-même mais que les PE interviennent toujours auprès des élèves de sixième (comme cela se fait déjà lorsqu'on échange les services et je confirme au passage que cela peut tout à fait se faire et que les chefs d'établissements ont déjà beaucoup d'autonomie...). Ce serait même indispensable. Ils pourraient aussi, en tant que PE, créer plus de liens avec le CM2.
Sur les ateliers
Je suis (nous sommes au Sgen) complétement d'accord avec la réflexion de werbuge. Nous ne pouvons pas nous satisfaire d'un système qui demande aux plus fragiles de choisir en premier (et quel choix!) pendant que les enfants de profs remplissent les classes prépas qui nous coûtent la peau du c... ou restent à la fac jusqu'à 25 ans, prennent des années sabbatiques et choisissent ensuite... Alors pourquoi pas cette année supplémentaire au lycée pour ces élèves, une piste intéressante. L'idée de faire du socle commun un droit opposable en est une qui va dans le même sens.
Voilà, je m'arrête là pour cette fois.
A suivre...