L’écoute psychanalytique de l’enfant sourd

Répondre
Daniel Calin
Administrateur du forum
Administrateur du forum
Messages : 953
Enregistré le : 15 sept. 2004 09:03
Localisation : Retraité, ex-chargé d'enseignement à l'IUFM de Paris
Contact :

L’écoute psychanalytique de l’enfant sourd

Message par Daniel Calin »

Présentation résumée du livre à Paraître en avril 2022
« L’écoute psychanalytique de l’enfant sourd »
(Envisagée sous l’angle individuel, groupal et institutionnel)
Éditeur : Chronique Sociale

Auteur :
J.-L. Dorey psychologue clinicien, Thérapeute familial psychanalytique
DEA et DESS de psychopathologie clinique
Membre de la SFTFP de l’AIPCF et de l’ADSPF
Formateur à APSYLIEN REC


Le présent livre s’adresse à tous les acteurs concernés par l’éducation, la rééducation et la pédagogie spécialisée et/ou inclusive des enfants et des adolescents porteurs d’une déficience auditive. Il vise à permettre l’amélioration de l’écoute de ces Sujets à la fois dans leurs familles et dans les différents dispositifs qui les entourent au niveau de l’éducation précoce, celui des établissements spécialisés et celui de l’inclusion scolaire. Il présente, en effet, une nouvelle façon de prendre en compte l’écoute relationnelle de l’enfant sourd envisagée à la fois sous l’angle individuel et groupal. La clinique individuelle se réfère d’une part à la pensée de J. Lacan et d’autre part à celle de D. Anzieu qui la recoupe mais autrement. La clinique groupale trouve ses points d’ancrage dans la psychanalyse appliquée à la famille et au groupe. Il s’agit de montrer comment les jeunes sourds se construisent, non seulement en tant que Sujets de l’inconscient dans leur rapport au langage, mais aussi en tant que Sujets du Groupe dans leurs familles et dans les différents dispositifs institutionnels qui s’installent, de façon très précoce, autour d’eux. L’approche individuelle et groupale proposée révèle, étonnamment, l’existence d’une réelle surdité à l’endroit de ces enfants tant dans leurs familles que dans les équipes spécialisées ou qu’en situation d’intégration scolaire. Elle montre, notamment, que l’attention portée autour des indispensables actions de rééducation de l’oreille, de la parole et des apprentissages scolaires dont ces jeunes sont l’objet en vient souvent à recouvrir la dimension fondamentale de leur écoute. Cet état de fait échappe, le plus souvent, aux professionnels et contribue à expliquer le manque préoccupant de consistance narcissique caractéristique observée chez ces derniers. La fragilité au niveau de la construction du Moi ne se révèle, qu’ensuite, dans le temps de l’adolescence, à travers d’attitudes en « comme si », une réelle passivité et parfois par des troubles du comportement. Les auteurs attribuent, généralement avec raison, cette fragilité narcissique aux perturbations de la relation précoce et à la privation du bain de langage qui prépare et soutient habituellement la relation. Cependant ces derniers, en centrant trop exclusivement leurs analyses sur la question du Sujet, ne prennent pas assez en compte la dimension dans laquelle s’opère, à bas bruit, les configurations complexes de leurs liens. Cette carence apparaît d’autant plus regrettable que les jeunes sourds transmettent précisément à leurs différents entourages leur manque à communiquer lequel devient alors partagé. Cet effet, caractéristique de la surdité sur la groupalité des liens, tant familiaux qu’institutionnels, ne fait cependant jamais l’objet d’un travail de repérage et d’analyse dans les protocoles de soin. Les jeunes sourds sont pourtant suivis, depuis le dépistage précoce de leur déficience, très tôt et à long terme par des équipes spécialisées en lien avec leurs familles.

Il nous apparaît ainsi important qu’une véritable pensée du soin puis être, à un moment, développée dans le champ de la surdité, et portée à la connaissance de toutes les personnes concernées. La clinique des Sujets sourds, envisagée ainsi sous l’angle de plusieurs perspectives, apporte une compréhension nouvelle permettant la mise en œuvre de réponses plus appropriées au manque significatif d’écoute dont ces enfants sont l’objet dans la durée. C’est pourquoi le titre même du livre centre son objet sur la dimension de l’écoute pour indiquer la ligne directrice des propos.

Il s’agit d’un fil rouge montrant la nécessité de mobiliser, autour de ces enfants et de ces adolescents sourds et/ou mal entendants, une préoccupation particulière à leur écoute. Cette dernière passe à la fois par la mise en place d’un cadre interne de pensée différent chez chacun des acteurs concernés et par des dispositifs institutionnels mieux adaptés pour les entendre véritablement là où ils parlent véritablement en tant que Sujets du lien. Leur processus de subjectivation plus ou moins entravé ne peut, en effet, se libérer qu’en appui sur une combinaison harmonieuse entre les indispensables techniques rééducatives et la prise en compte de la relation. L’ouvrage, étayé sur de nombreuses situations cliniques, propose ainsi une nouvelle pensée du soin, fondée sur l’analyse des multiples enjeux des liens mobilisés autour des jeunes sourds, enjeux qui n’ont, jusqu’à ce jour, jamais fait l’objet d’une étude approfondie. Nous espérons ainsi, que la mise à jour des processus complexes mobilisés dans les liens qui se tissent de façon précoce dans les différents espaces éducatifs, pédagogiques et de soin, autour des jeunes enfants déficients auditifs, pourra contribuer à aider les multiples acteurs impliqués dans le champ de la surdité à mieux entendre ces enfants et à les faire davantage exister dans la relation.

Une préface rédigée par Mme R. Jaitin Professeure des Université à Buenos Aires introduit le sujet. La première partie du livre présente un historique de la surdité en France suivi d’un état des lieux de la situation actuelle. La deuxième partie, propose une approche psychodynamique du jeune sourd envisagée d’abord sous l’angle de la pensée lacanienne puis sous celui de la clinique du « Moi Peau » de D. Anzieu (1974 b). Avec J. Lacan (1966) l’auteur s’efforce de rendre compte, de façon inédite, des difficultés spécifiques que rencontre le jeune sourd à s’inscrire dans les Signifiants du langage. Plusieurs situations cliniques illustrent, ensuite, les apports théoriques afin d’en faciliter la lecture lorsqu’elle s’applique au Sujet sourd empêché dans la parole. Une synthèse en reprend les éléments les plus caractéristiques. La présentation d’un dispositif institutionnel permettant aux personnels et aux parents de mieux entendre l’enfant sourd vient, enfin clore la particularité de cette approche. Avec D. Anzieu (1985), l’auteur développe ensuite, de façon nouvelle, la clinique précoce de la surdité restée, jusques à présent, encore peu explorée et peu élaborée. La théorisation du « Moi Peau » sert de guide pour suivre, de façon plus aisée que chez J. Lacan qui ignore les stades, les difficultés de la constitution du Moi des bébés sourds et le trajet de leur évolution vers les relations d’objet. L’auteur présente, enfin, en appui sur l’apport combiné d’autres auteurs, un repérage de la traversée de l’œdipe. Ces deux moments pré-œdipiens et œdipiens trouvent, enfin, tout au long des développements, à s’étayer sur l’exposé, in extenso, de la psychothérapie d’inspiration psychanalytique d’un très jeune enfant sourd profond qui sort progressivement de son repli autistique.

La troisième partie présente une tentative d’application de la psychanalyse familiale à la clinique de la surdité. Elle repère les effets spécifiques que cette déficience sensorielle produit dans la famille, avant d’en illustrer un certain nombre de caractéristiques en appui sur la présentation complète de la thérapie familiale psychanalytique d’une jeune enfant sourde sévère. La quatrième partie consacre une place indispensable à la langue des signes française envisagée selon trois axes : celui que cette langue entretient avec la pensée visuelle et avec la communication non verbale ; celui des avantages qu’elle présente et des obstacles qu’elle rencontre quant à son l’utilisation pratique ; celui, enfin, d’une réflexion élargie sur le langage, la pensée et la communication non verbale. La cinquième partie s’intéresse aux incidences particulières que la surdité produit dans la groupalité institutionnelle et sur l’institution en appui sur deux situations théorico-cliniques. La première montre comment l’enfant un sourd externalise, dans les différents espaces institutionnels, et auprès des soignants son système de lien familial. La deuxième présente, de façon plus large, les effets que la surdité, en tant qu’objet de soin, produit sur le fonctionnement d’ensemble d’une équipe institutionnelle. Vient, ensuite la présentation d’un dispositif innovant d’accompagnement familial suivi d’un exemple de son application concrète en institution.

L’approche de différentes façons possibles d’assurer l’accompagnement familial termine le dernier chapitre. Il s’appuie sur des exemples de soutien en institution avec la participation de deux cliniciens : celle de Christine Dubouchet travaillant au SAFEP-SSEFS de la ligue de l’Enseignement de la Loire à Saint-Étienne et celle de Jean-François Cottes, psychanalyste, intervenant aux « Gravouses » à Clermont-Ferrand qui ont accepté tous deux, de publier ici leurs propos exposés, en 2018, lors d’une table ronde organisée par la Fondation de l’Œuvre de Village d’Enfants sur le partenariat avec les familles qu’il m’avait été demandé de présider. L’intervention originale de Pauline Garnier, psychologue du réseau Sens à Villeurbanne, propose, enfin, un exemple d’accompagnement inédit des familles dont les enfants sont scolarisés hors institution avec le suivi d’une orthophoniste en libéral. Une conclusion générale termine le livre suivi d’une postface rédigée par F. André Fustier Dr en psychologie clinique
Stephane
Visiteur
Visiteur
Messages : 2
Enregistré le : 04 févr. 2022 13:55

Re: L’écoute psychanalytique de l’enfant sourd

Message par Stephane »

Bonjour.
C'est possible de me procurer le livre en version PDF ou puis le commander en ligne ?
Répondre