Intégration

Questions spécifiques concernant les formations à l'option E (aides pédagogiques spécialisées en RASED).
sabine

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Message par sabine »

J'ai besoin d'aide : la secrétaire de CCPE maintient que l'accueil d'élèves de classes banales en CLIS ne peut pas se faire. Lundi matin il y a réunion avec l'IEN et la secrétaire de CCPE de toute l'équipe pour nous le faire savoir. J'argumenterai en m'appuyant sur la circulaire de 2002 qui précise que "réciproquement......." Que puis-je dire d'autre si la secrétaire et l'IEN maintiennent leur refus (qu'ils n'argumentent sur la base d'aucun texte réglementaire) ? Je précise que je suis en poste sur une CLIS 1 E, spécificité locale qui elle non plus ne repose sur aucun texte réglementaire.
J'ai décidé de passer au-dessus de l'IEN de la circonscription et de m'adresser pour avis à l'inspectrice AIS en suivant la voie hiérarchique.
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Bonjour Sabine,

Vive l'institution !

Le rappel aux textes est nécessaire, indispensable - il risque d'être mal pris par des gens qui semblent s'asseoir dessus...

La secrétaire de CCPE peut "maintenir" ce qu'elle veut, elle n'a pas à trancher : seule l'IEN le peut. Qu'elle prenne ses responsabilités !

Argumentez, argumentez sans relâche : circulaire 2002-113, projet d'école, etc. Si cela ne donne toujours rien, vous pouvez vous adresser "au-dessus". Mais "au-dessus", c'est l'IA, pas l'IEN AIS, qui n'est pas le supérieur hiérarchique de votre IEN, seulement, éventuellement, le conseiller technique de votre IA. Et rien n'indique que votre démarche sera couronnée de succès : ces gens-là ont parfois un rapport particulier à la loi...

Sachez cependant qu'on ne vous fera pas de cadeaux...

Pour la CLIS 1 E, c'est une spécificité "locale" assez générale : c'est la non réponse trouvée à la suppression des classes de perf', dont on a pu dénoncer l'effet structure, mais dont je regrette de plus en plus, comme Daniel, la disparition (mais mon premier contact avec l'AIS, il y a 25 ans, c'était un remplacement long en "grand perf'", comme on disait alors sur Paris - je suis sans doute de parti pris...).

Bon courage ! Essayez de rester "professionnelle" : calme, argumentation, compétence. Au moins, vous n'y perdrez pas votre âme. Et si elles ne supportent pas cette image que vous leur renvoyez (en creux, d'elles-mêmes, et de leur manque de professionnalisme), vous aurez une idée un peu plus précise des dysfonctionnements du mammouth...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

Petit complément à la réponse de Pascal : au-dessus de l'IA, c'est le Ministère (à vrai dire le Recteur, mais il est bon de s'en passer, ou de passer par-dessus lui pour aller directement en haut de la pyramide). Et généralement le Ministère n'apprécie guère que ses subordonnés chargés de l'application de ses textes s'assoient dessus. Il faut comprendre : la seule "production" du Ministère, ce sont des textes ; si on ne les prend pas au sérieux, les gens qui travaillent au Ministère sont en perte totale de sens. On s'adresse rarement au Ministère. On a tort. J'ai souvent été surpris par les réponses ministérielles à des conflits de ce type. À condition de s'appuyer solidement sur les textes réglementaires et législatifs, bien sûr - ce qui est votre cas.
Cordialement,
Daniel Calin
sabine

Message par sabine »

Les dés étaient jetés avant la réunion, ils étaient là pour dire non.
J'ai eu beau citer les textes, l'IEN a dit qu'il allait prendre conseil auprès de l'IEN AIS, mais que je détournais les textes, ce sont ses mots, que c'était impossible. L'enseignante en charge de l'enfant s'est fait couper la parole lorsqu'elle a voulu s'exprimer: "on en a déjà parlé en équipe éducative". La secrétaire de CCPE m'a dit sur un ton péremptoire "tu te calmes !" lorsque j'intervenais pour défendre le droit à la parole de ma collègue.
Nous étions 4. Les autres se taisaient. Nous disions que nous étions dans la proposition, on nous répondait qu'il n'y avait pas de solution.
Ecoeurement.
Nous avons les mains liées, nous allons essayer d'aider la famille malgré tout.
Merci pour votre soutien professionnel.
Je passe par là

Message par Je passe par là »

C'est n'importe quoi, cette décision : il s'y joue certainement autre chose que les textes... Copinage. Mais bon je suis peut-être mauvaise langue. En tout cas, juste un exemple : ce dont tu parles était une pratique courante chez un collègue de CLIS de ma ciconscription. Tous les mouvements étaient possibles : échange de maîtres, échange d'élèves... en fonction de l'activité suivie. Dans CLIS, il y a Intégration.

Peut-être pourriez-vous vous en sortir en modifiant la "façade" de l'organisation prévue (à mon sens, c'est ça qui dérange : que des enfants "normaux" aillent dans une CLIS). Si c'est le maître de la CLIS qui change de classe (quitte à ramener une partie de ses élèves avec lui) et que le maître de la classe aille ailleurs, en ramenant quelques élèves avec lui... cela pourrait s'avérer plus "présentable". C'est un peu hypocrite comme présentation, mais bon...
Bon courage.
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Hypocrite, peut-être, mais ça a le mérite de souligner qu'effectivement le lieu, comme cadre, a un rôle important à jouer, et qu'il s'y joue peut-être quelque chose comme l'ancrage compulsif d'une identité. Donc ça vaut sans doute le coup.

Et ça me permet de demander à Sabine de ses nouvelles : où en êtes-vous ? Le découragement a-t-il eu le dessus ?
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
sabine

Message par sabine »

:D Merci pour ces messages qui m'apporte un soutien dont j'ai bien besoin!
Tout d'abord, en réponse à "je passe par là": c'est très important pour moi de lire que d'autres collègues réussissent à travailler comme j'essaie de le faire, cela ouvre des perspectives !
Ton idée de changement de lieu est effectivement intéressante et me donne à réfléchir, je prends ! Sur les motifs profonds de l'opposition, je suis prête à te rejoindre, sauf que normalement l'IEN devrait être le garant du respect des textes, et pourtant lui-même m'accuse de les "détourner", il s'est même écrié "à la limite oui pour toutes les autres matières mais pas le français et les maths". Quelles sont ses représentations des apprentissages, des disciplines, des enseignants spécialisés pour proférer une telle ineptie ! Donc je continue de penser que ce dysfonctionnement n'est pas seulement le résultat de petits copinages et d'abus de pouvoir, il y a selon moi et à ce point de ma réflexion (cela fait des semaines que je tourne cela dans ma tête mise à rudes épreuves) une peur indicible, un fantasme si puissant qu'il provoque des comportements irrationnels. De quoi ? de la limite entre le normal et l'anormal ? de la perte de contrôle ? du changement, de la nouveauté ? Peut-être d'autres choses encore...
Alors pour terminer en répondant à Pascal, je suis c'est vrai un peu découragée, sous le choc des propos tenus, des principes qui les sous-tendent, pressée par les tensions relationnelles induites. J'ai envisagé de passer outre, et de proposer à la collègue de mener notre action, car dans mon projet de classe figure explicitement l'existence de décloisonnements et d'échanges de services, et qu'il est annexé au projet d'école. Je me sens plus motivée par cette action que par l'appel au ministère, je ne sais pas comment m'adresser au ministre. Je me sens un peu faible pour le coup !
Je ne suis pas isolée, quelques collègues sont comme moi ébahis, choqués et aussi il faut le reconnaître, découragés. Mais nous ne regrettons rien ni les uns ni les autres, nous en assumons toutes les conséquences sur le terrain, parce que nous pensons que nous nous battons pour défendre des principes justes et légitimes. Cela peut sembler un peu grandiloquent mais actuellement, c'est à ces mots-là que je pense quand je réfléchis et ce sont eux qui me donnent encore envie. :)
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Je crois que vous éprouvez là, dans cette volonté d'avancer, le tout petit espace de liberté, de jeu, où le travail peut se faire (je suis persuadé d'avoir eu un ancêtre menuisier :wink: , et j'aime beaucoup cette métaphore du jeu/travail. Et ça me fait penser à Guillevic, dont les mots aussi, à leur manière, éclairent notre boulot : J'ai vu le menuisier / Tirer parti du bois. / J'ai vu le menuisier / Comparer plusieurs planches. / J'ai vu le menuisier / Caresser la plus belle. / J'ai vu le menuisier / Approcher le rabot. / J'ai vu le menuisier / Donner la juste forme. / Tu chantais, menuisier, / En assemblant l'armoire. / Je garde ton image / Avec l'odeur du bois. / Moi, j assemble des mots / Et c'est un peu pareil).

Les actes que vous posez sont de confiance et d'espoir.
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
sabine

Message par sabine »

Pouvez-vous m'aider ? Je ne sais plus comment agir.
Quels sont les moyens de recours pour me permettre de défendre mes arguments puisque l'IEN ne soutient... que mon départ de l'école. :cry:
sabine
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integration

Message par sabine »

J'aurais tant besoin d'aide, encore aujourd'hui !
Cordialement,
sabine
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Bonjour,

Manifestement, la situation est toujours aussi difficile (même si vous parvenez à mettre en place des actions de qualité, valorisantes pour vos élèves - si j'en juge par les activités autour de l'AFPS).

Mis à part l'aspect institutionnel (entendu ici dans son sens le plus péjoratif - qui n'est pas celui que je mets en avant habituellement), quelles sont les aides dont vous ressentez le besoin, de manière un peu précise, pour qu'éventuellement certains membres du Forum puisse pour proposer quelques pistes ?
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
sabine
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integration

Message par sabine »

L'équipe réunie en conseil de cycle propose une nouvelle saisine de la CCPE (la dernière était en janvier 06) pour refaire la même proposition d'orientation en IME à la famille. La raison invoquée est la nécessité que les parents ne puissent pas reprocher à l'école de n'avoir rien fait.

Scénario probable : un 5ème refus, et l'enfant passera en CM1.
Pour moi désormais il s'agit d'acharnement.
Que puis-je faire pour aider la famille ? Contacter l'association de parents d'élèves ?
J'ai néanmoins commencé à travailler avec l'enfant en lecture à la demande de sa maîtresse. J'ai constaté qu'il avait les yeux qui pleuraient quand il lisait, j'en ai informé sa maîtresse.

Personnellement, je suis ébranlée dans ma foi dans l'école républicaine qui est devenue un acteur essentiel de ségrégation sociale, et dans ma conviction que je pourrai un jour y trouver ma place. Je suis isolée (même la maîtresse de l'enfant n'ose plus rien dire) et décriée. Aucun soutien de la hiérarchie.
Je quitte l'école mais je songe également à démissionner pour travailler dans le mileu associatif.
Je ressens une immense injustice.
Cordialement,
Sabine
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Ca ne va pas vous aider, mais je continue d'être interrogé par ce que vous décrivez : "L'équipe réunie en conseil de cycle propose une nouvelle saisine de la CCPE (la dernière était en janvier 06) pour refaire la même proposition d'orientation en ime à la famille".

Les textes, anciens, disaient :
- réunion de l'équipe éducative sous la responsabilité du directeur (pas du conseil de cycle - dans équipe éducative, il y a "parents"), le secrétaire de CCPE n'étant présent qu'à titre d'observateur et/ou de conseil, sauf si l'IEN a déchargé les directeurs de cette responsabilité dans les cas d'EE handicap (et c'était à l'époque peut-être nécessaire mais hors cadre),
- réflexion partenariale (famille, école, soins) sur des réponses adaptées aux besoins du gamin,
- travail collectif d'une éventuelle orientation.
Les textes, nouveaux, indiquent :
- saisine de la MDPH par la famille (par l'école, par l'intermédiaire de l'IA, après un délai de 4 mois),
- définition d'un plan de compensation par la CDA, comprenant un volet scolaire dit PPS,
- montage du PPS sous la coordination du référent.

Dans les deux cas, et c'est ce qui importe ici, les parents sont partenaires ou à l'origine de. Aucune décision ne peut se prendre sans leur accord, mieux, sans leur conviction que la réponse proposée aura une chance d'aider leur gamin. Si les parents refusent l'IME, c'est que ce travail n'a pas été fait, ou qu'il n'a pas encore abouti et donc le passage en CM1, pour périlleux qu'il vous paraisse, sera l'occasion de donner encore du temps à ce travail d'accompagnement. Si les parents sont dans le déni, ce qui est souvent le cas (et c'est compréhensible), soit ils cheminent lentement avec votre accompagnement, soit ils prennent leurs responsabilités et vous aurez votre conscience pour vous. Dans ce cas, à vous d'accepter que vous ne pouvez pas savoir mieux que les autres ce qui est bon pour eux, difficulté première des instits... :(
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
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intégration

Message par sabine »

Merci pour cet échange !
Dans le refus des parents, que je respecte entièrement et qui ne constitue pas pour moi un obstacle au travail de partenariat, je vois certes un forme de déni lié peut-être à de la détresse, mais aussi l'expression d'un regard parental, qui a sa forme d'expertise, et qui, comme vous le dites, n'est pas convaincu que l'IME soit la meilleure solution pour leur enfant. Ils seraient par contre prêts à accepter une orientation en CLIS, car l'enfant resterait dans l'école. Je suis convaincue que nous les instits ne pouvons pas faire ni contre ni sans ce regard parentalcar nous n'avons pas le monopole de l'expertise. Loin de moi l'idée de savoir à la place des parents ce qui convient pour leur enfant, j'essaie au contraire de lutter contre cette dérive précisément dans le cas de cet enfant, pour lequel l'école prétend détenir la seule "bonne solution". 2 savoirs s'opposent au lieu de s'allier, et cela fait naître un boulevard pour l'exercice du pouvoir :cry:
Mais comment accompagner les parents dans ce travail de rapprochement si l'école persiste à les agresser en parallèle ? Comment peuvent-ils ainsi commencer à nous faire confiance ?
sabine
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Message par sabine »

J'ai eu une idée : peut-on envisager que la famille saisisse elle-même la MDPH pour étudier le cas de son enfant, ce qui aurait comme avantage de "délocaliser" le dossier, il serait ainsi examiné par des professionnels extérieurs au conflit de l'équipe et de la CCPE.
D'autant plus que les relations famille / maîtresse sont bonnes et que le travail d'accompagnement est toujours faisable : ils sont favorables à une orientation en CLIS.
Qu'en pensez-vous ?
Cordialement
Sabine
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