UPI : où allons-nous ?
Posté : 24 mai 2009 23:39
Bonjour,
Je travaille dans une UPI collège tfc qui a ouvert il y a 2 ans; auparavant j'ai exercé 4 ans dans un IMPRO. J'ai voulu changer "de norme" pour voir comment l'application de la loi 2005 peut se vivre, voir quel sens on peut mettre derrière l'expression "école inclusive, l'école pour tous". Au bout de 2 ans j'avoue mon scepticisme.
- les notifications MDPH: dans quelle mesure les besoins spécifiques des élèves sont évalués? Est-ce que l'évaluation porte sur les besoins éducatifs, médicaux, pédagogiques ? Pourquoi les élèves que "j'accueille n'ont souvent qu'une réponse pédagogique sur la notification: ils arrivent au collège sans étayage extérieur. Le suivi, lorsqu'il a existé auparavant, en centre de jour, cmp, sessad n'est pas toujours poursuivi, ni même en profession libérale. C'est comme si les soins et rééducations devenaient moins /plus nécessaires. Du coup je suis le témoin quotidien d'élèves pour lesquels l'environnement de l'upi se révèle anxiogène, ces adolescents manifestent des signes de souffrance. De plus, le dispositif se heurte vite à ses limites de possibilités d'adaptation et j'ai beau dire en réunions (ESS et EE), écrire dans les rapports scolaires le mal-être de ces enfants, rien ne bouge. Ou alors il faut un an, des mois pendant lesquels la situation s'enlise.
- la coopération du secteur médico social: je sollicite systématiquement les soignants et rééducateurs pour les réunions et n'hésite pas à les contacter pour les bilans intermédiaires. Tout est à construire ce qui est motivant et intéressant mais nous nous heurtons vite à la réalité: d'abord la loi sur la scolarisation ordinaire pour tous implique la rencontre de 2 cultures totalement différentes: l'Education nationale et le Sanitaire et social: travailler ensemble ne va pas de soi; ensuite , même si le décret du 2 avril 2009 est paru, de quels moyens (financiers, organisationnels, humains) disposons- nous ? Et que penser d'un élève qui ne pourrait être "bien" en upi qu'avec un avs-i , ou un éducateur pendant les temps de vie collective du collège?
- la polyvalence de l'enseignant coodonnateur UPI: je passe beaucoup de temps et d'énergie à coordonner: à l'extérieur (les parents, l'ER, les partenaires professionnels) et en interne (les avs, le principal, les enseignants du secondaire et autre personnel de l'établisssement concerné par l'upi). Sans compter les rencontres pour essayer de construire une coopération avec des structures de soins...sans compter les contacts et visites pour préparer l'insertion professionnelles ou l'après upi collège. Sans compter les réunions institutionnelles (EE et ESS) à préparer, j'en suis à 25 à ce jour (une réunion dure 1h30 voire 2 heures)... Du coup le temps se réduit considérablement, pour ce que je considère comme étant la spécificité de l'enseignant ash: les adaptations pédagogiques possibles, car il s'agit bien là de 21 heures de "sur mesure pédagogique" pour chaque élève, en lien avec le PPS.
- La solitude de l'enseignant spécialisé: il apparaît dans un établissement ordinaire comme souvent la "seule personne ressource" . Je suis à la recherche de personne relais que je ne trouve pas, on est loin du précieux travail fait en équipe pluridisciplinaire où les regards professionnels se croisent et apporte cohérence et pertinence au projet de vie de la personne. On est loin aussi des conseils énoncés ou décisions prises de façon collégiale. Ici ce que je dis ou écris n'est pas mis en lien avec d'autres points de vue ou réactions, je me retrouve en première ligne pour tout.
- L 'accompagnement des familles: Nous avons à faire souvent à des parents en grande souffrance, pour lesquels l'acceptation du handicap est compliquée, et qui de plus, ont une grande attente du scolaire. Il n'y a pas de jugement derrière ce que je dis , c'est ainsi. Mais ce qui peut être fait dans un établissement ordinaire n'a rien à voir avec la guidance parentale dont est capable une équipe pluridisciplinaire d'un IME ou d'un SESSAD, d'un CPA...On ne parle pas n'importe comment du handicap...De plus, la nouvelle loi implique que les parents prennent des initiatives, s'informent, contactent les bonnes personnes au bon moment, décident, anticipent... ce qui n'est pas évident , c'est un vrai "parcours du combattant"...nous nous retrouvons souvent face à des familles qu'il faut alors"porter"...
Conclusion: je m'interroge sur ce que nous faisons avec les élèves , sur ce que ce système peut faire croire aux enfants et à leurs parents. Certes la loi est novatrice et il va falloir au moins une bonne dizaine d'années avant que de la cohérence et du bénéfice n'apparaissent . J'ai le sentiment que la loi a posé une injonction, que les moyens sur le terrain ne sont pas là, on est dans une logique de "yaka fauke", et on suppose que la scolarisation ordinaire est bénéfique pour tous. Qui va subir les conséquences de cet état de fait , de ce flou autour de l'application de la loi 2005 qui sinon, les élèves en premier lieu?
Je travaille dans une UPI collège tfc qui a ouvert il y a 2 ans; auparavant j'ai exercé 4 ans dans un IMPRO. J'ai voulu changer "de norme" pour voir comment l'application de la loi 2005 peut se vivre, voir quel sens on peut mettre derrière l'expression "école inclusive, l'école pour tous". Au bout de 2 ans j'avoue mon scepticisme.
- les notifications MDPH: dans quelle mesure les besoins spécifiques des élèves sont évalués? Est-ce que l'évaluation porte sur les besoins éducatifs, médicaux, pédagogiques ? Pourquoi les élèves que "j'accueille n'ont souvent qu'une réponse pédagogique sur la notification: ils arrivent au collège sans étayage extérieur. Le suivi, lorsqu'il a existé auparavant, en centre de jour, cmp, sessad n'est pas toujours poursuivi, ni même en profession libérale. C'est comme si les soins et rééducations devenaient moins /plus nécessaires. Du coup je suis le témoin quotidien d'élèves pour lesquels l'environnement de l'upi se révèle anxiogène, ces adolescents manifestent des signes de souffrance. De plus, le dispositif se heurte vite à ses limites de possibilités d'adaptation et j'ai beau dire en réunions (ESS et EE), écrire dans les rapports scolaires le mal-être de ces enfants, rien ne bouge. Ou alors il faut un an, des mois pendant lesquels la situation s'enlise.
- la coopération du secteur médico social: je sollicite systématiquement les soignants et rééducateurs pour les réunions et n'hésite pas à les contacter pour les bilans intermédiaires. Tout est à construire ce qui est motivant et intéressant mais nous nous heurtons vite à la réalité: d'abord la loi sur la scolarisation ordinaire pour tous implique la rencontre de 2 cultures totalement différentes: l'Education nationale et le Sanitaire et social: travailler ensemble ne va pas de soi; ensuite , même si le décret du 2 avril 2009 est paru, de quels moyens (financiers, organisationnels, humains) disposons- nous ? Et que penser d'un élève qui ne pourrait être "bien" en upi qu'avec un avs-i , ou un éducateur pendant les temps de vie collective du collège?
- la polyvalence de l'enseignant coodonnateur UPI: je passe beaucoup de temps et d'énergie à coordonner: à l'extérieur (les parents, l'ER, les partenaires professionnels) et en interne (les avs, le principal, les enseignants du secondaire et autre personnel de l'établisssement concerné par l'upi). Sans compter les rencontres pour essayer de construire une coopération avec des structures de soins...sans compter les contacts et visites pour préparer l'insertion professionnelles ou l'après upi collège. Sans compter les réunions institutionnelles (EE et ESS) à préparer, j'en suis à 25 à ce jour (une réunion dure 1h30 voire 2 heures)... Du coup le temps se réduit considérablement, pour ce que je considère comme étant la spécificité de l'enseignant ash: les adaptations pédagogiques possibles, car il s'agit bien là de 21 heures de "sur mesure pédagogique" pour chaque élève, en lien avec le PPS.
- La solitude de l'enseignant spécialisé: il apparaît dans un établissement ordinaire comme souvent la "seule personne ressource" . Je suis à la recherche de personne relais que je ne trouve pas, on est loin du précieux travail fait en équipe pluridisciplinaire où les regards professionnels se croisent et apporte cohérence et pertinence au projet de vie de la personne. On est loin aussi des conseils énoncés ou décisions prises de façon collégiale. Ici ce que je dis ou écris n'est pas mis en lien avec d'autres points de vue ou réactions, je me retrouve en première ligne pour tout.
- L 'accompagnement des familles: Nous avons à faire souvent à des parents en grande souffrance, pour lesquels l'acceptation du handicap est compliquée, et qui de plus, ont une grande attente du scolaire. Il n'y a pas de jugement derrière ce que je dis , c'est ainsi. Mais ce qui peut être fait dans un établissement ordinaire n'a rien à voir avec la guidance parentale dont est capable une équipe pluridisciplinaire d'un IME ou d'un SESSAD, d'un CPA...On ne parle pas n'importe comment du handicap...De plus, la nouvelle loi implique que les parents prennent des initiatives, s'informent, contactent les bonnes personnes au bon moment, décident, anticipent... ce qui n'est pas évident , c'est un vrai "parcours du combattant"...nous nous retrouvons souvent face à des familles qu'il faut alors"porter"...
Conclusion: je m'interroge sur ce que nous faisons avec les élèves , sur ce que ce système peut faire croire aux enfants et à leurs parents. Certes la loi est novatrice et il va falloir au moins une bonne dizaine d'années avant que de la cohérence et du bénéfice n'apparaissent . J'ai le sentiment que la loi a posé une injonction, que les moyens sur le terrain ne sont pas là, on est dans une logique de "yaka fauke", et on suppose que la scolarisation ordinaire est bénéfique pour tous. Qui va subir les conséquences de cet état de fait , de ce flou autour de l'application de la loi 2005 qui sinon, les élèves en premier lieu?